Entre sabots à moustaches, besaces à la Davy Crockett sous acide et coiffure Jackson Five pour modeuse girly, le dernier défilé Louis Vuitton fut sans hésiter l'un des shows les plus surprenants de la saison. Au vestiaire glam'eigthies de l'hiver dernier a en effet succédé une collection patchwork fusionnant l'infusionnable. Il est vrai qu'à priori, rares sont les accessoires imaginés par Marc Jacobs qui donnent envie d'être adoptés en l'état, tant ils affichent un design bigarré difficilement adaptable à notre quotidien...
Pourtant - et là est toute la magie de Marc Jacobs - une fois l'effet de surprise passé, on se prend vite à disséquer les looks du défilé : on réalise alors que cette besace tie and dye irait finalement fort bien avec nos futures robes blanches estivales et que le sac banane n'est peut-être pas si rédhibitoire que cela. À ce stade de la réflexion, une multitude de voyants rouges se mettent à clignoter, nous rappelant que ledit "sac banane" est en tête de liste des accessoires damnés par la fashion sphère...
Il faut dire que ce dernier est plus familier du touriste bedonnant que de la sylphide bien lookée, mais aussi qu'il rime fort bien avec centre aéré, colonies de vacances ou encore sorties de classe, autant de lieux où la déontologie esthétique est largement foulée au pied. Autrement dit, si Marc Jacobs désire en faire un it bag, il se doit avant tout de parvenir à en effacer l'historique terriblement low cost en lui apposant une aura up-to-date. Force est de constater qu'il n'est pas loin d'y arriver...
En effet, alors qu'il n'a jamais été aussi branché d'arpenter les capitales du monde afin de shooter les meilleurs looks du moment, le sac banane pourrait bien devenir l'accessoire de prédilection des streetstylers en quête de pragmatisme. Or, ces derniers faisant actuellement partie de la frange la plus prisée de l'univers mode, leur dress code a des chances de faire des émules.
De plus, à y bien regarder, les collections sportswear/globe-trotter de l'été prochain (Celine, Chloé, Alexander Wang) appellent également de leurs voeux ce genre de sacs, prônant une mode plus casual que sophistiquée. Ceci dit, pour que le sac banane puisse intégrer le sérail de nos très hype minaudières Alexander McQueen, pochettes Alexis Mabille et cartables Proenza Schouler, il faudra que celui-ci acquière une aura luxe tranchant fondamentalement avec ses racines cheap.
Au final, si les modèles Vuitton sont peut-être légèrement too much, ils pourraient néanmoins annoncer l'ouverture du procès en réhabilitation du sac banane...
Par Lise Huret, le 18 novembre 2009
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