Les premiers plongent donc la fourrure dans un bain de couleurs pepsy et en font le cocon vitaminé et racé de la jeune fille 2008 qui assume son statut de privilégiée et qui se joue des codes.
Martin Margiela la pense en étole surdimensionnée. On est loin du vison lustré, la fourrure sous ses doigts devient presque chimique, aussi théâtrale que dans le passé, mais d'une façon toute moderne, qui à l'avantage de revisiter le genre, mais qui n'est plus guère portable… Pucci et Fendi, plus consensuels dans la forme, lui apposent néanmoins un nouveau dress code.
Chez Pucci, c'est la petite fille sage qui s'empare de la fourrure de sa grand-tante et lui fait subir un lifting girly. Exit les tailleurs huppés ou les fourreaux lamés, c'est en baby doll que la néo fourrure se porte. On lui associe une palette chromatique digne des plus beaux jours des seventies et on tente le total look. Cependant, cette version de la fourrure est sur le fil et ne supportera pas une once de vulgarité. Elle se veut fraîche, naïve et dynamique, et non décadente, drag queen et compagnie.
Avec Fendi, la démarche est plus classique, mais néanmoins les modèles sont suffisamment rock pour être adoptés immédiatement. Ils sont propices - comme ceux de Pucci - à réchauffer les petites robes de l'été prochain issues des collections resort… Rien de plus féminin qu'une robe légère portée sous une fourrure, le tout traité de façon très dark chic ou subtilement jeune héritière en goguette.
Le deuxième mouvement qui révolutionne la fourrure veut incorporer cette dernière au sein de looks accessibles et tendances, au coeur des désirs de la citadine fashion qui n'est pas une adepte de l'extravagance. La fourrure est traitée en touches, sur des volumes plus urbains que ceux qui lui sont habituellement réservés.
Chez Balenciaga, son cache-col au pelage aérien vient flouter les genres, en propulsant un uniforme british aux inspirations casual dans une dimension parallèle, où tous les styles se télescopent et où la fourrure n'a plus rien d'outrancier. Comme pour tous les éléments de cette collection, la fourrure devient trendy, évidente, néo urbaine et surtout destinée à vivre le quotidien, loin des fastes qui auparavant l'accueillaient.
Pour Isabel Marant, la fourrure est le lainage de l'hiver. Elle réchauffe les épaules, borde les capuches, se porte en gilet sans manches ou en boléro. Elle est partout, façon Larzac de luxe, offrant aux tenues un brin grunges, délicieusement babas et finement féminines une touche juste, unique et contemporaine. Elle est l'élément déterminant qui transpose un look coolissime en quelque chose de plus étudié, sans perdre pour autant sa fraîcheur et son romantisme à fleur de peau.
Miuccia Prada, quant à elle, passe-le pas et décide de faire de la fourrure une matière sportswear chic. Elle choisit un pelage court façon teddy bear du Groenland, et lui appose un bord cote fluo. Quasiment coupée à cru, la fourrure est sobre sans être ennuyante et ne pourrait être plus moderne. Miuccia Prada parvient à en faire quelque chose de presque passe-partout et de légalement désirable, à tel point qu'on en oublierait presque qu'il y a quelque temps encore, la fourrure on ne voulait même pas en attendre parler. ©photo : Vogue
Par Lise Huret, le 31 octobre 2007
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