Victoria Beckham pour Marc Jacobs

Bien joué… Voilà ce que l'on aimerait susurrer à l'oreille de Marc Jacobs qui, comme à son habitude, nous prend à contre-pied avec sa dernière campagne de publicité. Défilés printemps-été déjantés, choix d'égéries controversées et shootings ubuesques… il est vrai que Marc Jacobs n'aime rien mieux que de choquer en s'amusant.

Victoria Beckham a beau avoir été élue femme la plus mal habillée de la planète, cela n'a aucune importance pour Mr Jacobs, qui se plait ces derniers temps à ramer à contre-courant. Lors de l'annonce du choix de l'ancienne Spice Girl en tant qu'égérie de la campagne Marc Jacobs été 2008, nous avons cru un moment que le styliste avait quelque peu abusé des substances illicites, et que son amour du people lui avait tourné la tête au point de pas réaliser à quel point Posh était à mille lieues de l'image que l'on se faisait de la femme Marc Jacobs. Mea Culpa, car si le dévolu de Marc Jacobs s'est bel et bien porté sur Mrs Beckham, il s'est bien gardé de traiter son sujet de manière classique. Une campagne de publicité à la Mert and Marcus eut été un désastre, et à l'opposé de ce que désirait le styliste. Car dès le début, ce dernier a vu en Posh le moyen de servir ses envies de dérision. Pour lui, hors de question de la photographier telle une mannequin ordinaire, le but étant de mettre en abîme l'image de la jeune femme en même temps que celle du designer. Il obtient au final une campagne formatée pour le buzz, lui permettant de faire encore et toujours plus parler de lui. Dans la droite ligne de Warhol, qui désirait être copié de manière à avoir toujours plus de visibilité, Marc Jacobs se moque de la manière dont on parlera de lui, l'essentiel étant qu'on en parle… Cette campagne de pub, shootée par un Juergen Teller en grande forme, suscite chez nous la même réaction que celle suscitée par la dernière présentation Marc Jacobs : un grand éclat de rire, qui finalement recentre les choses. La mode n'est diablement pas à prendre au sérieux, et lorsque le chouchou de la hype society s'amuse à bousculer les codes en usant de la caricature - tant dans la mise en scène que dans le choix de celle qui porte ses couleurs - on ne peut que saluer son génie acide et sa distance lucide.