Si dans le monde de la mode, la tradition du calendrier veut que ce dernier soit souvent synonyme d'effeuillage stylé, cela ne signifie pour autant qu'il faille tomber dans la facilité en ne misant que sur la nudité d'un top model pour égrener les mois de l'année. Séduction peut en effet également rimer avec subtilité, beauté et inattendu, comme nous l'a d'ailleurs parfois prouvé le calendrier Pirelli (et ce notamment avec l'édition shootée par Patrick Demarchelier en 2008).
Pourtant, il arrive souvent que sous prétexte d'être tacitement autorisées à se la jouer Playboy, les éditions Condé Nast et Pirelli se fourvoient en misant sur un érotisme stérile. Que dire ainsi du calendrier de Vogue Paris qui vient d'arriver dans nos boites aux lettres ? Entre quelques bijoux Louis Vuitton et l'intimité dévoilée de Daria Werbowy, les pages se succèdent, accusant un cruel manque de propos artistique (voir ici et là). Et si Daria s'y avère incontestablement sublime, elle ne peut empêcher l'ensemble de ressembler à une vague série photo dédiée à la joaillerie de luxe, en un peu plus cru.
Lorsque l'on voit la capacité du Vogue US à concevoir des univers fascinants sous la houlette de Grace Coddington, on se dit que l'équipe parisienne tourne définitivement en rond. Alors que d'autres questionnent sans cesse le vêtement en lui faisant jouer mille et un rôles, Vogue Paris s'enlise en effet dans son désir de choquer en se servant d'une nudité pourtant devenue des plus banales, et ce tout en oubliant de traiter son sujet principal : la mode.
Au final, ce calendrier semble cristalliser à lui seul cette dérive voguienne pseudo hype qui risque fort d'en lasser plus d'une. Si ce n'est pas déjà fait...
©photo : Mikael Jansson