Lorsque Christophe Decarnin accède en 2007 au poste de directeur artistique de Balmain, difficile d'imaginer que ce jeune homme ultra introverti s'apprête à révolutionner les codes de la maison parisienne. Pourtant, dès ses premières collections, celui-ci parvient à redonner un nouveau souffle à la fille Balmain, entre jeans ultra skinny, micro-robes glitter, vestes épaulées et tee-shirts destroy de luxe.
En plus de lui offrir un véritable coup de jeune, la nouvelle grammaire stylistique de la griffe séduit immédiatement critique, star-system et acheteurs. Sans surprise, le succès commercial est rapidement au rendez-vous : en dépit d'afficher des prix stratosphériques, les pièces s'arrachent, faisant grimper au septième ciel le chiffre d'affaires de la maison.
Les créations de Decarnin font alors la couverture des plus grands magazines de mode. De leur côté, les belles du showbiz ne jurent que par ses mini robes aussi affolantes qu'oversexy, tandis que la rue se met à arborer ses couleurs, aidée en cela par une industrie du fast retailing qui n'en finit pas de copier les gimmicks fashion de la griffe. La Balmainmania est en marche...
Oui mais voilà, au coeur du petit monde de la mode, succès foudroyant rime souvent avec pression dévorante. Depuis quelques saisons, cette dernière semble ainsi avoir fini par inhiber quasi totalement la créativité de Christophe Decarnin, qui préféra alors se réfugier dans une routine bankable plutôt que de prendre le risque de se renouveler.
Le résultat ne se fit d'ailleurs pas attendre : si sa clientèle continua de le suivre, la critique se fit de plus en plus sévère à son endroit ; Balmain commençait indubitablement à perdre de sa superbe. En parallèle, des tensions se développèrent entre le PDG de la griffe, Alain Hivelin, et son directeur artistique, les deux hommes ne parvenant pas à s'accorder sur l'orientation à donner à la marque.
Déstabilisé par cette profonde mésentente et submergé par le stress, Christophe Decarnin - dont la timidité et l'extrême discrétion laissent entrevoir un homme d'une grande fragilité - aurait alors peu à peu sombré dans la dépression...
Espérons simplement que sa liberté retrouvée lui apportera la sérénité nécessaire pour se reconstruire et que Balmain parviendra à lui trouver un successeur - on parle notamment de Melanie Ward, qui intégra le studio il y a de cela quelques mois - susceptible de renouveler intelligemment l'image de la griffe...
Par Lise Huret, le 07 avril 2011
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