Avec la franchise désarmante qui est la sienne, Karl Lagerfeld avoua en coulisse de son défilé n'avoir jamais été en Inde, préférant rêver cette dernière plutôt que de se confronter à la réalité. Or, c'est précisément de cette vision fantasmée qu'est issu le dernier show Chanel...
Faisant honneur à la folie des grandeurs des fameux Maharadjahs, le couturier n'hésita pas à troquer les traditionnels catwalks contre deux allées incurvées longeant d'opulentes tables de banquets surmontées d'immenses lustres. Considérés comme des convives à part entière, les acheteurs et autres journalistes prirent quant à eux place devant une véritable débauche de mets exotiques, mâtinés de savoureux macarons...
Ajoutez à cela un petit train circulant le long des tables (clin d'oeil à celui du Maharadjah de Gwalior, dont la locomotive, les wagons et la voie étaient en argent massif), de luxueux chandeliers et quelques poignées de pétales de rose et vous obtiendrez un décor d'une magnificence rare, à la hauteur d'une collection tout aussi fastueuse.
Pour cet opus Pre-Fall, Karl Lagerfeld mit en effet le talent des ateliers Lesage, Massaro et Michel au service de l'esthétique indienne, et ce sans jamais oublier d'apposer une touche chanelienne à ses silhouettes.
C'est ainsi que les Stella Tennant, Kasia Struss et autres Arizona Muse se glissèrent dans des toilettes mêlant saris, habits traditionnels du Rajasthan, pièces rappelant l'uniforme de la police indienne et modèles en tweed so Gabrielle. Parées de bijoux semblant tout droit issus du patrimoine moghol et la plupart du temps coiffées de dreadlocks, les belles distillèrent un doux parfum princier, aussi chic qu'enivrant.
Entre drapés de cachemire, soies iridescentes, lainages rebrodés, sandales audacieusement surchargées, guêtres bicolores ornées de motifs traditionnels et bracelets dignes des parures des jeunes mariées indiennes, celles-ci se firent les déesses d'une contrée irréelle, dans laquelle les baluchons contenant le repas quotidien se seraient mués en sacs à main infiniment luxueux.
Et si l'on regrette parfois que Karl Lagerfeld ne se soit pas fait plus subtil dans ses citations, force est néanmoins de constater que l'extravagance chatoyante de son Inde fantasmée ne manque ni d'attrait, ni de sophistication, ni de beauté universelle...
Par Lise Huret, le 07 décembre 2011
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