Celui qui fit autrefois des skateuses californiennes ses muses de prédilection semble depuis quelques saisons gagner en maturité. Remplissant son quota de pièces coolissimes via sa collection T by Alexander Wang, le créateur new-yorkais n'hésite en effet plus à conférer à sa ligne principale un véritable profil haut de gamme, susceptible de séduire une clientèle en quête de luxe nouvelle génération. Sur le podium, jerseys de coton flou et toiles de denim laissent ainsi la place à des matières innovantes, pour la plupart conçues en exclusivité.
Au sommet de son art, Wang a en effet compris que pour réussir à monter en gamme tout en conservant une caution prêt-à-porter, c'est du côté de la mutation textile qu'il lui fallait se tourner. C'est ainsi que les tweeds se laquent (devenant alors aussi lisses que luisants), que les lainages jouent les contrastes (en affichant sobres manches raglantes et buste verni), que les cuirs se délavent et que les mailles stretch se smockent...
Ainsi transformées, ces différentes matières peuvent alors s'inscrire au sein de modèles puzzle, dont la nature chic et complexe - oscillant entre clins d'oeil sportswear, radicalité so Balenciaga et glamour urbain - ne manquera pas de ravir les futures clientes asiatiques de mister Wang (2012 verra en effet l'ouverture de pas moins de 14 boutiques au sein de l'Empire du Milieu).
Entre précision extrême, luxe assumé, sensualité maitrisée et dégaine contemporaine, le vestiaire livré ici par Alexander Wang apparaît comme l'un de ses plus aboutis. Il est vrai que des manteaux hybrides (s'inspirant notamment du trench, du perfecto, du blouson et du duffle-coat et mixant avec subtilité néo-textures, fourrure et plastique translucide) aux jupes en cuir souple (dévoyant leur sage longueur mi-mollet en se fendant haut sur la jambe) en passant par les sweats rigidifiés et les robes de cocktail mêlant cuir minimaliste et drapés sophistiqués, les pièces efficaces et dramatiquement modernes ne manquent pas.
Seul regret : le manque de pragmatisme et d'esthétisme du gimmick du col montant effet résille. Il aurait en effet été préférable qu'Alexander Wang accompagne ses pièces pointues d'un basic innovant et désirable, plutôt que d'une fantaisie uniquement destinée à booster le stylisme de ses silhouettes...
NB : Hautes sur le genou et audacieusement cambrées, les bottes qui chaussèrent les Gisele Bündchen, Jourdan Dunn et autres Shalom Harlow font d'ores et déjà figure de must have.
Par Lise Huret, le 13 février 2012
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