I. Silhouettes
Belle de jour Détournant les codes de la garde-robe classique afin de mieux leur insuffler une nouvelle sensualité, les belles à l'allure faussement chaste ont littéralement envahi les podiums estivaux, de Céline à Valentino en passant par Giambattista Valli. Expertes dans l'art de souffler le chaud et le froid, ces demoiselles adeptes des jupes longueur genou, des coiffures scolaires et des talons à la hauteur raisonnable n'hésitent pas à altérer la surface lisse de leur look via des tops aux transparences impudiques, soulignant ainsi l'ambiguïté de leur mise...
Dans la pratique :
Si sur les podiums la transparence ne fait pas scandale, il en va tout autrement une fois confronté à la réalité crue d'une journée lambda. Inutile ainsi de préciser que porter un top translucide sans soutien-gorge ne fera pas de vous la reine du bal, mais plutôt la risée des passants interloqués... Pour réussir à cultiver cette allure "Belle de jour" sans choquer, on pensera dès lors à miser sur des pièces aux transparences travaillées ou floutées (Valentino), de manière à suggérer plutôt qu'à tout dévoiler (Céline). Néo grunge Entre cheveux décolorés à peine coiffés, chemise nouée autour de la taille, mix and match de carreaux, tee-shirt à messages, brogues et bottines à sangles, la grunge attitude opère un retour remarqué au sein des collections estivales. Et s'il émane des silhouettes "Kurt Cobain" très premier degré vues chez 3.1 Phillip Lim des relents de crise d'adolescence tardive, les subtils clashs de carreaux écossais signés Dries Van Noten parviennent quant à eux à conférer un inattendu soupçon de chic et de désirabilité à cette esthétique contestataire.
Dans la pratique :
On s'autorise à ressortir nos tee-shirts à messages, à condition de ne pas s'empêtrer dans un total look grungy. On n'hésitera pas pour cela à délaisser jupes tie&dye et autres shorts destroy au profit d'un slim propret, d'une jupe courte à godets ou encore d'un pantalon masculin à pinces. Les plus inspirées pourront tenter le mix de carreaux en optant pour deux quadrillages différents, choisis dans des teintes plus automnales qu'estivales. Aspirante catholique En reprenant à leur compte certains détails appartenant au champ lexical catholique - du scapulaire à la mosette de prêtre en passant par la médaille de baptême - Nicolas Ghesquière, Riccardo Tisci et Clare Waight Keller insufflent à leur muse une dimension austère, presque pudibonde. Une austérité qu'ils ont d'ailleurs bien du mal à dérider, étoffes translucides et volants girly ne suffisant pas toujours à dévergonder leurs premières communiantes...
Dans la pratique :
On n'hésite pas à ressortir notre médaille de baptême, que l'on porte sur un sweat ou un tee-shirt loose. Celles qui voudront tenter la pièce d'inspiration catho s'arrangeront pour la dérider, soit en optant pour un format cropped (Balenciaga, Chloé), soit en l'associant à un bijou conceptuel susceptible de lui faire perdre son latin au profit d'une grammaire plus mode. Fan des nineties Entre carrures démesurées, code couleur noir&blanc et style working girl new-yorkaise époque "La Firme", le dress code des nineties a littéralement pris d'assaut l'imagination des créateurs en vue, d'Olivier Rousteing (Balmain) à Karl Lagerfeld (Chanel) en passant par Olivier Theyskens (Theyskens' Theory). Reste à savoir si la silhouette agressive des années Claude Montana parviendra à séduire les belles de 2013...
Dans la pratique :
Si l'on s'autorise l'effet armoire à glace, ce n'est qu'à condition d'y injecter un peu de subtilité. On délaisse ainsi les blousons en cuir à la Balmain au profit de robes-tailleurs à la carrure maitrisée et aux lignes sveltes. De même, on n'hésite pas à faire l'impasse sur le duo pantalon taille haute/veste cropped aux épaules oversize (afin d'éviter de se transformer en caricature d'Ally McBeal). À l'inverse, on ne boude pas notre plaisir en adoptant les fameuses créoles XXL ayant fait le miel des Madonna et consorts... Smoking girl L'arrivée d'Hedi Slimane chez Yves Saint Laurent semble avoir donné envie aux designers de se frotter à l'exercice de style qu'est le smoking. Rares sont en effet les collections à ne pas avoir eu droit à leur passage YSL, où noir carbone et revers de satin tentèrent de se mesurer au mythique cliché d'Helmut Newton. Autrement dit, s'il ne devait rester cette saison qu'une seule tenue de soirée, ce serait à coup sûr l'une des versions remastérisées du chef-d'oeuvre d'Yves Saint Laurent...
Dans la pratique :
L'air du temps étant plus à la ré-interprétation qu'au copier/coller, c'est vers des silhouettes à la modernité à fleur de peau et à la créativité cérébrale que l'on se tournera pour embrasser le concept du smoking. On délaissera ainsi les ensembles trop classiques au profit de modèles réinventant l'histoire, à l'instar de la robe ardoise asymétrique signée Lanvin, du trio blazer/pantalon/traîne Givenchy ou encore de la veste bar Dior. L'idée étant de faire entrer le smoking dans le 21e siècle sans regarder dans le rétroviseur...
II. Points forts
Coutures invisibles espacées vs volants asymétriques Bien décidés à injecter un peu de sensualité aux volumes classiques ayant envahi les podiums estivaux, les designers firent la part belle à deux détails de coupes plus affriolants que sages. C'est ainsi que l'on put voir bon nombre de pièces se strier par le biais de coutures invisibles dévoilant de longues et fines bandes de peau, mais aussi d'autres s'adoucir au contact de quelques volants asymétriques.
Donnant l'impression d'être dépourvus de coutures, certains modèles de saison semblent ne tenir qu'à un fil. Que ce soit chez Alexander Wang ou Christopher Kane, l'illusion d'optique est il est vrai assez bluffante, les différentes parties des robes semblant tenir ensemble par on ne sait quel tour de passe-passe. Chez Valentino, la technique diffère, Maria Grazia Chiuri et Pier Paolo Piccioli optant pour des sutures plus visibles, mais tout aussi délicates que les effets de transparences de leurs consoeurs.
Moins novateur que son homologue aux coutures invisibles, le gimmick des volants asymétriques gagne ici en intérêt en délaissant sa nature froufroutante au profit d'une allure plus précise et infiniment plus contemporaine que par le passé. Que ce soit sous l'égide de Nicolas Ghesquière ou de Riccardo Tisci, celui-ci va à l'essentiel en apportant juste ce qu'il faut de féminité à des toilettes incisives au glamour intello.
Entre ces deux jeux de coupes, nul besoin de choisir : travaillé tout en subtilité sur une tenue faussement sage, le premier n'aura pas son pareil pour transformer les interstices de peau en autant d'atouts chics, tandis que les volants asymétriques à la Balenciaga - on boudera ceux bien trop premier degré d'Isabel Marant - seront parfaits pour décrisper l'austérité cérébrale de certaines pièces phares de l'été. Trench vs peignoir Plus que jamais intemporel, le trench-coat tente de s'imposer cette saison comme La pièce classique indispensable pour affronter la fraîcheur des premiers jours de printemps. Une place qui ne souffrirait d'aucune contestation si la gent créative n'avait trouvé audit trench un challenger de choix : le peignoir d'extérieur...
Qu'il soit résumé à sa plus simple expression chez Derek Lam, traité en mode ultra pragmatique chez Hermès ou transformé en imperméable girly translucide chez Valentino, le trench de l'été 2013 se veut aussi infatigable que redoutablement efficace.
Fluides et légères, les robes de chambre - ou peignoirs - à col châle satiné tentent quant à elles une sortie hors de l'espace privé chez Dries Van Noten et Haider Ackermann. Taillées dans des étoffes souples et imprimées, celles-ci se portent ouvertes - parfois ceinturées - sur des tenues urbaines systématiquement accompagnées de talons hauts, allant de la micro robe (Céline) au duo pantalon matelassé/chemise à carreaux en passant par le mix pantalon à pinces en drap de laine/blouse translucide.
Aussi sublimement élégantes soient les silhouettes Ackermann et romantiques celles de Dries Van Noten, le port du peignoir en ville restera certainement cantonné aux demoiselles évoluant au sein de milieux créatifs et pouvant se permettre ce genre de délicieuse excentricité. Aux robes de chambre citadines, les autres préfèreront en effet un trench bien coupé qui, à défaut de défrayer la chronique, leur assurera une allure soignée et sans faute. Jupe à godets vs jupe midi Entre pléiades de jupes courtes au volume très "collège girl" et jupes longueur midi tentant via moult artifices de gommer leur allure stricte au profit d'une dégaine plus sexy que d'ordinaire, la jupe de saison se veut plus subtile qu'aguicheuse, plus coquette que sensuelle, plus créative que basique...
Si la jupe plissée ou à godets est un classique de la garde-robe féminine, elle n'en cherche pas moins ces temps-ci à gagner en caractère en optant pour des matières tantôt luxueuses, tantôt insolites. On la vit ainsi chez Balmain emprunter aux chaises en rotin leur technique de vannerie, chez Proenza Schouler et Fendi se couper dans des cuirs tour à tour olive ou ajourés et chez Chanel opter pour un quadrillage semi-translucide.
Désirant en finir avec la dégaine rétro inspiration "Mad Men", la jupe midi s'essaie cette saison à de multiples variations susceptibles de lui insuffler fantaisie et fashion appeal. Si elle assume une chaste longueur mi-mollet, ce n'est ainsi que pour mieux dévoiler hanches et nombril. La jupe midi de l'été 2013 se porte en effet ultra taille basse, de manière à pimenter son allure chaste ; elle n'hésite par ailleurs pas à arborer imprimés graphiques (Marc Jacobs, Louis Vuitton) et texture sexy (Miu Miu), afin d'adoucir sa dégaine sévère.
Plus flatteuses et faciles à vivre que les modèles midi, les jupes Fendi et Proenza Schouler - que l'on portera avec une paire d'ankle boots open toes et un petit sweat cropped - nous donnent envie de laisser sa chance au cuir d'été. À noter qu'une fois les chaleurs estivales venues, on n'hésitera pas à opter pour des pièces de même ampleur, mais taillées dans des tissus plus légers... Sweat texture vs top cropped Pièce forte de l'hiver 2012, le sweat fantaisie continue cette saison à questionner sa nature sportwear en se frottant à des textures toujours plus élaborées, tandis que le top cropped persévère dans son désir de faire du nombril le nouveau décolleté...
Oublié le molleton gris aussi douillet qu'anonyme : en quelques mois, le sweat est devenu prétexte à mille et une mutations. Fort de son format casual, ce dernier se permet en effet désormais toutes les folies, de la fourrure imprimée de fleurs naïves (Prada) au matelassage satiné (Dries Van Noten) en passant par la transparence totale (Stella McCartney). Ainsi retravaillé, il devient alors le compagnon de tenues chics, qui gagnent à son contact en désinvolture sophistiquée.
En matière de top cropped, tout est question de subtilité : si le sweat Marc Jacobs coupé juste en dessous de la poitrine frôle clairement le ridicule, le pull-over Carven s'arrêtant à une poignée de centimètre du nombril n'aura quant à lui aucun mal à conférer une bonne dose d'audace maitrisée à telle ou telle silhouette classique. De leur côté, les micro gilets ou vestes façon boléro (Chanel) se porteront au-dessus d'une robe, afin d'éviter toute impudeur...
Taillé dans une matière travaillée, le sweat aura toutes les chances "d'upgrader" une tenue casual ; on pourra le porter en soirée associé à un slim 7/8 et une paire de talons hauts perchés. Si l'on désire se frotter au format cropped (ce qui est loin d'être une obligation), on pensera plus "Carven" que "Marc Jacobs", de façon à éviter le style "ado nineties"...
III. Couleurs
Total look blanc vs total look métallisé Devenu en quelques années un classique des podiums estivaux, le total look blanc continue en 2013 d'inspirer les créateurs, qui n'en finissent pas de le réinventer en multipliant les jeux de matières susceptibles de dé-aseptiser l'aura virginale de ces monochromes neige. Pendant ce temps, les teintes métallisées continuent leur montée en puissance, bien décidées à faire de leurs reflets iridescents un des gimmicks fashion incontournables de la saison.
Aussi magiques que finement futuristes, les découpes - suspendues par des fils de nylon - des silhouettes immaculées d'Alexander Wang renouvellent avec force et brio la notion de sportswear si chère au créateur. Toujours aussi accro aux volumes classiques (voire mémérisants), Christopher Kane n'hésite pas quant à lui à dévergonder ses looks monochromes via des matières plus néo-sensuelles que strictes. De son côté, Riccardo Tisci s'emploie à moderniser le blanc de première communiante en mêlant brillance du satin et textures mates et en boostant le tout par le biais d'attaches dorées un brin SF.
Bien décidé à faire entrer l'esprit couture de la maison Dior dans le 21e siècle, Raf Simons décline ses micro robes de bal dans des teintes acides, mais surtout iridescentes. Tels des papiers d'emballages de bonbons Quality Street, ces dernières brillent de mille feux, insufflant une aura des plus modernes à leurs volumes sophistiqués. Chez Burberry Prorsum ce sont des robes plus consensuelles - mais néanmoins sexy - qui s'essaient aux teintes métallisées. Une facétie de coloriste qui ne pourra cependant se passer d'une morphologie "taille 0"...
Inventifs, sensuels et élégants, les monochromes blancs se posent une fois de plus comme l'un des points forts de la saison estivale (on pensera à mélanger les textures et à abuser des contrastes brillant/mat pour réussir à les conjuguer sur une note contemporaine). De leur côté, les total looks métallisés devront rester cantonnés aux tapis rouges et autres photo-calls ; on pourra à l'inverse succomber sans crainte à une paire d'escarpins dorés ou à une pochette argentée. Jaune acide vs bleu ciel Si elles sont toujours en vogue cette saison, les teintes fluo se veulent néanmoins un brin plus discrètes que par le passé. Chez Dior, c'est ainsi non pas en total look, mais bel et bien en mode "doublures" que Raf Simons - nouveau DA de la maison parisienne - impose le jaune néon au sein de sa collection. Une manière subtile de profiter des pigments joyful de cette teinte Post-it.
Plus coutumier des layettes des nouveaux nés que des toilettes des élégantes, le bleu ciel gagne sous les doigts de Riccardo Tisci en délicatesse et en douceur stricte. Inattendu et faussement classique, le bleu ciel Givenchy pourrait bien être le nouveau noir de la saison printemps/été 2013... Kaki pacifiste vs vert gazon Plus que jamais dans l'air du temps, la tendance army - et plus particulièrement les coloris kaki - continue de s'attirer les bonnes grâces des créateurs. Pour autant, hors de question de flirter avec le premier degré : si le kaki fait bel et bien partie de la palette de couleurs du moment, il n'en imprègne pas moins des modèles n'ayant plus grand-chose à voir avec le lexique paramilitaire, à l'instar des coquettes robes vues chez Carven.
Moins belliqueux que son ainé, le vert gazon effectue une entrée en scène remarquée en venant s'apposer sur des looks masculins/sportswear (Stella McCartney). A son contact, ces derniers voient alors leur ADN boyish considérablement adouci. Une teinte vivifiante à tester avec du rose clair, du jaune métallisé, du blanc laiteux ou encore du camel.
IV. Imprimés
Rayures verticales vs mix de carreaux Entre dégaine Beetlejuice, allure pyjama et looks pour working girl des années 90, les rayures verticales effectuent cette saison un retour remarqué. Une tendance graphique forte qui se voit néanmoins concurrencée par une déferlante de carreaux en tous genres.
Noires et blanches chez Balmain et Marc Jacobs, fines et classiques chez Balenciaga ou encore colorées et loungewear chez Chloé, les rayures verticales se déclinent sur tous les tons. Attention cependant à ne pas trop en abuser, celles-ci pouvant rapidement manquer de subtilité. Aux lignes entêtantes d'Olivier Rousteing, on préférera ainsi celles plus intemporelles de Nicolas Ghesquière.
Si par le passé, seuls les clowns pouvaient se permettre d'associer plusieurs sortes de carreaux sur la même tenue, c'est désormais au tour des créateurs de s'adonner à ces mélanges risqués. Sur son podium, Dries Van Noten juxtapose ainsi différents motifs plaid dans un style très grunge chic. Plus classique, Karl Lagerfeld mise quant à lui chez Chanel sur l'association mini quadrillages/carreaux sages, tandis que Marc Jacobs ose le all-over de carreaux en mélangeant vichy, carreaux torchon et carrés colorés (Marc by Marc Jacobs).
Dans la pratique, si l'on n'hésitera pas à se glisser dans une chemise kimono à la Chloé, on fera l'impasse sur les fort peu seyantes rayures noires et blanches. Du côté mix de carreaux, on délaissera le total look au profit du duo chemise à carreaux/veste - ou gilet - à carreaux, le tout travaillé dans des teintes sourdes. Léopard vs imprimé foulard Passé peu à peu du statut d'imprimé trendy à celui de classique incontournable, le tacheté léopard continue cette saison d'insuffler une dimension jungle chic à bon nombre de silhouettes. Un style oscillant entre élégance fauve et allure sauvage qui se voit cependant concurrencer par l'insolence bohème de l'imprimé foulard...
Plus eighties que safari, le léopard dalmatien vu par Marc Jacobs habille une jeune femme citadine aimant jouer avec les codes du glamour. De son côté, la fille Max Mara insuffle aux subtils motifs léopard de sa robe faussement classique une énergie militaire aussi sophistiquée que désirable.
Sous l'impulsion d'Isabel Marant, Marc Jacobs ou encore Joseph Altuzarra le foulard se traite cette saison de manière quasi littérale. Cherchant à renouer avec le succès des cheichs Balenciaga de 2007, ceux-ci n'hésitent ainsi pas à draper leurs mannequins de moult foulards, donnant alors naissance à des looks folk tantôt banalement sexy, tantôt riches d'influences exotiques.
Associé à des pièces arborant teintes camouflages et facture chic, le léopard parvient une fois de plus fois à se rendre indispensable au sein des garde-robes printanières. De leur côté, celles qui voudront se frotter aux effluves indianisantes de la tendance foulard seront bien avisées de bouder les imprimés cachemire trop évidents au profit de modèles ornés de passementerie dorée à la Altuzarra, bien plus propice à faire voyager nos tenues estivales.
V. Matières
Guipure vs résille Alors que la guipure tente cette saison de dévergonder son ADN classique en assumant moult transparences, la résille met quant à elle tout en oeuvre pour en finir avec sa réputation sulfureuse.
Portées sans doublure, les jupes en épaisse guipure de Guillaume Henry offrent à la fille Carven une sensualité maitrisée, entre coquetterie, fausse pudeur et séduction réfléchie. De leur côté, les légères transparences générées par une dentelle portée à même la peau vues chez Burberry Prorsum ne parviennent pas à dérider les quelque peu ennuyeuses robes imaginées par Christopher Bailey.
Associée dans l'inconscient collectif aux bas sexy des filles de Pigalle, la résille noire essaie par tous les moyens de se racheter une conduite. On put ainsi la voir successivement couvrir le décolleté plongeant d'une sage robe Céline, doubler un basic short Chanel ou encore frayer avec l'organza couture d'une robe Alexander McQueen. Des efforts certes louables, mais qui ne parviennent cependant pas à réhabiliter cette matière sulfureuse.
Pour exister en 2013, la guipure devra se voir traitée de manière audacieuse, en favorisant les contrastes entre transparence et matières. Ne parvenant pas - malgré l'intervention de Phoebe Philo - à se défaire de son aura vulgaire, la résille sera quant à elles à boycotter sans regret... Fourrure d'été vs transparence pudique Probablement perturbés par les bouleversements climatiques récents, certains designers semblent avoir subitement perdu le nord. Cette saison, ceux-ci sont en effet nombreux à convoquer aussi bien fourrures d'été que matières translucides.
L'été 2013 sera froid, voire glacial... C'est en tout cas ce que semblent prédire Miuccia Prada, Karl Lagerfeld (Fendi) et Phoebe Philo (Céline), qui n'hésitèrent pas à émailler leurs collections estivales de douillettes pièces en fourrure. Les fashionistas désireuses de se lover dans une pelisse kawaï Prada peuvent d'ores et déjà prier pour que les températures du mois de mars - date de leur arrivée en boutique - ne dépassent pas les 5 degrés...
Omniprésentes cette saison, les transparences sont de toutes les collections, mousselines, voiles et autres tulles se superposant à des modèles souvent très sages, de manière à leur insuffler légèreté, poésie et sensualité chaste. Chez Givenchy, les épaules se couvrent ainsi d'un nuage de mousseline bleu ciel, tandis que chez Chloé les monochromes blancs gagnent en subtilité au contact d'un voile arachnéen. De son côté, Raf Simons choisit de recouvrir ses LBD de tulle transparent (Dior).
Si la fourrure d'été tient plus de la facétie fashion que de la réelle tendance, les transparences chastes sont quant à elles à prendre au sérieux, ces dernières étant susceptibles de nimber de douceur n'importe quelle toilette un brin trop sévère. En guise de conclusion, on note quelques autres points forts de la saison printemps/été 2013 :
Le nouveau "pull tigre" Kenzo rencontrera-t-il le même succès que son prédécesseur ?
Coup de coeur pour l'imprimé toile de Jouy vu chez Carven
Les sandales gladiateurs sont à n'en pas douter Le prochain must have estival. Reste à savoir si l'on préférera la version ultra épurée d'Alexander Wang ou celle plus guerrière d'Altuzarra
Les étoffes se drapent afin de former des tops esprit couture (Céline, Maison Martin Margiela)
Minimalistes mais néanmoins voyantes, les attaches se posent en point fort de la silhouette (Givenchy, Lanvin)
Les hanches se préforment (Lanvin, Jil Sander)
Les tabis Prada, les nouvelles ballerines ?
Le satin sort des boudoirs afin de s'essayer à la radicalité du sportswear Céline
Le bermuda parvient à démoder le mini short (Alexander Wang, Chloé)
Le blouson de moto prend ses quartiers d'été en optant pour un blanc immaculé (Christopher Kane, Giambattista Valli, Just Cavalli)
Les imprimés fleuris se pensent en mode 3D (Chloé, Alexander McQueen, Dries Van Noten), lorsqu'ils ne se déclinent pas sur une note abstraite (Kenzo, Prada)
La tendance "runnings en ville" continue de faire des émules (Moschino Cheap&Chic)
Les patchworks de matières sophistiquent volumes sages (Dior), pièces casual (Proenza Schouler) et silhouettes minimalistes (Antonio Marras).
L'imprimé pois délaisse son ADN girly au profit d'une allure plus radicale (Jil Sander) ou plus arty (Proenza Schouler).
Chez Fendi, on craque pour le sac deux en un
Le rose se consomme en total look (Gucci, Versus)
Le timbre gagne en potentiel fashion sous l'impulsion de Mary Katrantzou
Phoebe Philo déstabilise avec ses escarpins oversize à la Minnie
On s'autorise une petite récréation stylistique en succombant aux imprimés joyeusement régressifs de Julien David
Les bottines de boxeurs, nouvelle lubie shoesesque ? (Rochas)
Les tenues liquides et graphiques de Felipe Oliveira Baptista font mouche
Afin d'être en osmose avec la fille Balenciaga, on n'hésite pas à porter fièrement notre médaille de baptême.
Par Lise Huret, le 23 novembre 2012
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