En reprenant le volume d'une toilette de 1949 (dont il substitue l'étoffe chatoyante par un tulle carbone brodé de cuir), en offrant un opulent col lavallière à un pardessus rétro, en épurant à l'extrême une poignée de manteaux New Look, en réinterprétant l'iconique imprimé pied-de-poule et en imaginant une fourrure "So Dior" semblant tout droit issue d'une collection Jil Sander, Simons parvient en effet à offrir une nouvelle portée à l'héritage maison. Cher aux coeurs des deux créateurs, l'art - le pop art pour Simons et le surréalisme pour Christian Dior, évoqué par les nuages imprimés sur le catwalk et se reflétant dans d'immenses sphères d'aluminium - fait également partie intégrante de cette collection hivernale. C'est ainsi que de délicates robes années 20 se virent twistées au contact de l'une des oeuvres méconnues d'Andy Warhol - "Unidentified Female" - et que les sacs de saison se firent la cimaise d'un croquis d'escarpin signé de l'artiste dans les années 50.
On note par ailleurs que la dimension graphique - que l'on retrouve aussi bien chez Christian Dior qu'au coeur du travail de Simons - trouve ici un intéressant écho au sein d'une série de robes en jersey mêlant souplesse de la maille et noir et blanc universel. Oui mais voilà, aussi dense et élégante soit cette collection automnale, difficile d'y retrouver l'émotion et la perfection fédératrice ayant émané du dernier défilé Jil Sander de Raf Simons. Peut-être serait-il temps que le créateur belge se décide enfin à "tuer le père", afin de faire pleinement bénéficier Dior de son indéniable talent...
Par Lise Huret, le 02 mars 2013
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Par ailleurs, l'imprimé du soulier me semble peu pertinent, laissons ce surréalisme parfait à Madame Schiaparelli.