Le lieu :
Un cube de verre éphémère construit en face du Palais Princier. À l'intérieur, des banquettes blanches, un sol pavé de dalles numériques diffusant un film aquatique de l'artiste français Ange Leccia et des rideaux motorisés qui se déployèrent le long des murs translucides dès le début du show.
Les inspirations :
La Méditerranée, et plus largement l'univers aquatique. Entre découpes hublot, gamme de bleu turquoise et motifs coralliens, les références au lexique marin sont légion.
Le Grand Prix de Monaco. À coups de pièces telles que ces tops esprit polo et cet étroit blouson rouge Ferrari, mais aussi de motifs évoquant aussi bien le damier d'un drapeau que les lignes sinueuses laissées par les pneus d'une voiture de course sur l'asphalte, Nicolas Ghesquière évoque tout en subtilité le champ lexical de la Formule 1.
Les seventies. Oubliées les sixties du premier défilé Louis Vuitton : pour cette collection croisière, ce sont les seventies qui ont inspiré le maître des lieux. Pas étonnant dès lors d'y retrouver ce manteau en fourrure nous évoquant Margot Tenenbaum. Pour autant, on est ici loin de la citation, les tissus techniques et la sophistication des effets matières permettant de dépasser largement le style rétro.
La collection :
Les jupes lingerie flirtent avec le genou, lorsqu'elles n'adoptent pas une allure plus "adulescente" en mixant longueur mi-cuisse et ceinture à noeud cocarde. De leur côté, les pantalons étirent la jambe au maximum grâce à leur taille haute, leur ligne affûtée et leur bas légèrement évasé. On note également que les bustes sont étroits, les hanches légèrement arrondies et les empiècements d'inspiration sportswear. Difficile enfin de ne pas être séduit par les pièces au cuir adouci par une rangée de volants (offrant ainsi une nouvelle modernité à la notion de coquetterie), par les robes ligne A à l'allure 1920 totalement remastérisée ou encore par les tailleurs-pantalons pour working-fashionistas.
Les matières :
Entre lainages ultra fins et variations autour de la dentelle (texture rebrodée, dentelle appliquée sur parure de sequins, etc..) et du cuir (peaux laquées, suédine au touché peau de pêche, cuir ajouré, cuir de serpent verni), Nicolas Ghesquière nous prouve une fois de plus sa capacité à transcender la matière. Sans parler de ses télescopages entre cuirs et tissus liquides, qui confèrent force et douceur à la silhouette.
Les clins d'oeil à Balenciaga :
Si l'on retrouve ici le gimmick des hanches arrondies moult fois employé chez Balenciaga, on remarque également la présence de pantalons allongeant la jambe à l'infini ainsi que de souliers expérimentaux (à l'instar des néo-sandales de gladiateurs).
La maroquinerie :
La mini-malle aperçue en mars dernier se voit ici agrémentée d'une anse, tandis que Nicolas Ghesquière nous livre une nouvelle version du sac seau.
Ce que j'en pense :
Avec Nicolas Ghesquière, Louis Vuitton prend enfin la mesure de l'importance de la collection croisière, véritable poule aux oeufs d'or des griffes haut de gamme. Contrairement à Marc Jacobs (qui préférait déléguer la création des collections de mi-saison), Ghesquière est en effet directement en charge de celle-ci. Sous ses doigts, la croisière devient ainsi une collection à part entière. Une collection qui est pour lui l'occasion de définir plus précisément l'ADN de la nouvelle femme Louis Vuitton : jeune, moderne, séduisante, néo-sophistiquée, dépourvue de nostalgie et affichant une silhouette aussi cool que sculpturale.
On note par ailleurs qu'en livrant des pièces mêlant inventivité et efficacité prêt-à-porter, Nicolas Ghesquière offre ses lettres de noblesse à la notion de "collection commerciale"...
Par Lise Huret, le 19 mai 2014
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Je pense que Ghesquière va vite donner à la femme LV son identité propre. On est enfin sur de bons rails.
Sinon c'est frappant comme les collection croisière commencent à devenir "à la mode" comme tu le dis.