Que celles qui ont déjà leurs Superga aux pieds se rassurent : seules les fashionistas up-to-date feront la différence entre le modèle de basket à la mode (Superga) et celui à la pointe (Shulong), ceux-ci se ressemblant comme deux gouttes d'eau. Ces nouvelles venues sont d'ailleurs disponibles depuis peu dans les boutiques françaises. On doit leur arrivée à deux businessmen français qui, ayant senti que la tennis en toile allait revenir à la mode, ont été séduits par ce modèle chinois qui avait tout pour s'inscrire dans la future tendance.
Entièrement constituée de caoutchouc et de toile, munie d'une semelle ergonomique stimulant les points d'acuponcture se situant sous la voûte plantaire et dénommée Shulong (autrement dit "dragon confortable"), cette basket recèle assez de "easy wear" et d'exotisme branché pour séduire les bêtes de mode. Cependant, si cette dernière est promise à un avenir haut de gamme, c'est avant tout grâce à la magie du marketing, la Shulong n'étant qu'un basic en Chine : créée en 1930, elle a été adoptée par les moines Shaolin pour la pratique des arts martiaux, puis est rapidement devenue la tennis de la classe ouvrière. On est loin de la cible hype européenne…
Qu'à cela ne tienne, le concept d'extraire un basic de l'étranger et de le faire devenir la quintessence de la branchitude en Europe a déjà été éprouvé et approuvé, comme pour la fameuse tong Havaianas… Pourtant, afin de l'introduire au mieux dans le marché européen, les deux hommes ont procédé à quelques ajustements. Pour surfer sur la mouvance fluokids, la Shustreet possède ainsi des semelles colorées, tandis que la YourShu est proposée avec une planche de transfert permettant de la personnaliser, et que l'on peut aussi choisir la ShuHigh en version montante…
Vendues entre 35 et 39 euros, les Shulong sont bien décidées à voler la vedette aux actuelles reines de la basket. Reste à savoir si Philippe Elbaz et Stephen Rigaud avaient prévu que la conjoncture politique pouvait quelque peu contrecarrer leur projet… Car en dépit d'avoir moult projets visant à concurrencer de près les sneakers Nike ou Puma (ils proposent en effet un produit qui, n'étant pas sans rappeler ceux de Converse, est tout même fort niveau marketing), les deux hommes ne pouvaient se douter que la sphère hype à qui ils destinaient leurs baskets se sentirait subitement concernée par le sort du Tibet. Entre conviction militante et pouvoir de la tendance, la suite nous dira qui l'emportera…
Par Lise Huret, le 10 avril 2008
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