Si sur le papier, prendre la succession d'un monstre sacré tel qu'Alexander McQueen était un défi quasi impossible à relever, Sarah Burton y est pourtant parvenue, et ce avec brio. Il faut dire qu'après 15 années passées auprès du créateur britannique, la jeune femme possédait toutes les clefs nécessaires pour briguer le poste de DA de la griffe...
Plutôt que de tenter de copier les envolées lyriques qui caractérisaient décors et make up McQueeniens, Sarah Burton a préféré se focaliser sur le coeur de la collection, y injectant suffisamment de magnificence et de sophistication pour faire honneur à son mentor.
Sur le podium, les effluves un brin morbides des précédentes collections se sont par ailleurs estompés, au profit d'une énergie certes plus lumineuse, mais tout aussi baroque, comme le démontre le costume redingote ouvrant le show. Pièce iconique du style McQueen, ce dernier fut traité avec douceur, de manière à le rendre plus léger - et plus accessible ? - qu'à l'accoutumée...
Par la suite, si les citations à l'oeuvre du designer disparu se font omniprésentes, elles n'en apparaissent pas pour autant premier degré, tant le travail des matières qui les accompagne - allant des feuillages de cuir ciselés à main aux tissages de "crin", en passant par quelques broderies précieuses et multicolores - renouvelle avec finesse leur intérêt.
Avec leur chevelure tissée et leur peau diaphane, ces belles des bois font alors écho aux inclinations naturalistes de McQueen, allant même jusqu'à les sublimer de par leur fraîcheur raffinée et sans ambiguïté (voir ici et là).
Entre détails Renaissance, parures de plumes de taxidermistes, lavallières papillons et toilettes grandioses semblant spécialement conçues pour les fées de la forêt de Brocéliande, Sarah Burton réussit à éblouir l'assistance, tout en lui prouvant que la griffe McQueen n'a rien perdu de sa vitalité.
Cela étant dit, s'il peut être émouvant de voir réapparaître la patte de Lee McQueen sur un podium, Sarah Burton devra néanmoins continuer de rechercher le bon équilibre entre l'héritage qui lui incombe et les impératifs commerciaux qu'on lui impose, de manière à inscrire dans la durée le succès de la maison dont elle a désormais la charge...
Par Lise Huret, le 06 octobre 2010
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