L'annonce du départ de Karl Lagerfeld de chez Chanel aurait probablement fait autant de bruit... Il faut dire que Vogue sans Carine Roitfeld, c'est un peu comme Lanvin sans Elbaz ou Colette sans Sarah Lerfel : façonné dix années durant par une rédactrice en chef toute puissante, le magazine est aujourd'hui indissociable de la patte Roitfeld.
S'imposant rapidement comme subversif et non conventionnel (à l'image de celle à qui Jonathan Newhouse confia les rênes des bureaux de la rue Saint Honoré en 2001), Vogue Paris est en effet devenu au fil du temps le reflet des coups de coeur de Carine Roitfeld, qui n'hésite d'ailleurs pas à surexposer ceux qu'elle apprécie le plus (à l'instar de Riccardo Tisci, Christophe Decarnin ou encore Lara Stone, certains doivent beaucoup à l'ex-collaboratrice de Tom Ford).
À vrai dire, son oeil et son flair ont eu une telle influence sur la mode de cette dernière décennie que l'on peut d'ores et déjà dire que les années 2000 auront été les années Roitfeld...
Cela dit, tout règne a une fin, et celui de la complice de Mario Testino montrait depuis un moment déjà quelques signes d'essoufflement. Comme si Carine Roitfeld avait du mal à dépasser ce qu'elle avait elle-même créé, au point parfois de caricaturer l'image de Vogue Paris. Sans parler de ses multiples connexions avec certaines griffes (qui entamaient littéralement la crédibilité du magazine), des séries mode over sexy plus vraiment innovantes et des liens peu discrets avec les annonceurs...
Après avoir fait souffler un vent de liberté sur Condé Nast, Carine Roitfeld s'était ainsi peu à peu laissée prendre au piège des alliances, qui brident l'expression artistique et compromettent la neutralité éditoriale. Il était donc temps pour elle de tirer sa révérence, sous peine de voir son image continuer à s'effriter. Espérons simplement qu'une fois libérée des contraintes liées à son statut de rédactrice en chef, elle se fera à nouveau insolente et inspirante au travers de ses futurs projets.
Reste désormais à savoir qui prendra la relève de celle qui fut parfois pressentie pour prendre la succession d'Anna Wintour à la tête du Vogue US... Les paris sont ouverts.
Par Lise Huret, le 17 décembre 2010
Suivez-nous sur , et
Du nouveau sang, c'est bien mais reste à savoir si son prédécesseur sera également imposé sa patte et surtout trancher avec l'air du vulgaire.
Une news qui me laisse donc perplexe et surtout inquiète. Vive VOGUE libre et chic, espérons que Condé prendra en compte les exigences et les remarques des lectrices pour faire le bon choix...