Utilisé au Japon depuis le VIIIe siècle pour recouvrir objets et accessoires précieux, le cuir de poisson connut son heure de gloire en France au XVIIIe siècle grâce à la marquise de Pompadour. Celui-ci tombe ensuite peu à peu en désuétude, avant de se voir remis au goût du jour deux cents ans plus tard par les créations Art déco de Paul Iribe, puis au milieu des années 80, où il fait fureur dans l'ameublement et la maroquinerie.
Peu enclins à s'enticher durablement d'une tendance, les créateurs ne tardèrent cependant pas à le délaisser au profit de cuirs plus "carnivores", tels que le croco, l'alligator et plus récemment le python. En 2012, le vent tourne : la texture de la raie pastenague, l'iridescence de l'anguille ou encore les larges écailles de la perche deviennent subitement le nouveau terrain d'expérimentation des designers en vogue.
Dans la pratique, Riccardo Tisci taille ainsi les vestes Givenchy dans des peaux de requin et pare d'écailles d'anguille la robe de ses néo-sirènes, tandis que Phillip Lim offre à ses escarpins de saison un aspect à la fois brut et raffiné en s'abstenant de tanner ses peaux de poissons exotiques. De son côté, Alexander Wang insuffle une nouvelle densité à ses futures "it" sandales via l'usage de ces mêmes peaux teintes en bordeaux, blanc immaculé ou encore bleu turquoise.
Que ce soit via ses motifs, sa pigmentation ou encore sa texture, le cuir de poisson confère aux créations en peaux une aura aussi attrayante qu'intrigante. Rien de tel en effet que de miser sur une matière légèrement oubliée pour redonner de la vitalité à un blazer masculin ou à une classique paire d'escarpins...
Par Lise Huret, le 08 décembre 2011
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