Certains designers n'hésitent plus à pousser tous les curseurs dans le rouge, au risque de perdre toute connexion avec la femme qu'ils sont censés habiller. S'ils permettent de "faire le show", les transparences (Balenciaga, Balmain), volumes XXL (The Row), télescopages d'imprimés (Dries Van Noten), détails premiers degrés (Rochas) et accessoires fantasques (Prada) relèvent en effet davantage d'une tentative désespérée d'attirer l'attention que du génial parti pris stylistique.
Apparemment en manque de looks inspirants à photographier, les Tommy Ton et consorts en sont réduits à mitrailler les accessoires régressifs de leurs muses sur le déclin (voir ici, ici et là).
Les tendances reviennent avant même qu'on ait eu le temps de les oublier.
Conscientes de n'avoir plus grand-chose à dire sur le vêtement, bon nombre de grandes maisons tentent de détourner l'attention via des décors grandioses, des mannequins issus de l'empire Kardashian ou des défilés "gags".
Apparemment incapables de penser le futur de la mode, les créateurs se complaisent à ressasser influences et gimmicks rétros (Gucci, Prada, Louis Vuitton).
Le compte Twitter de Loïc Prigent est devenu la chose la plus excitante des fashion weeks.
Les designers américains bankable sont passés maîtres dans l'art de la copie (Proenza Schouler).
Le gimmick des runnings ne cesse de se voir repris et retravaillé à l'infini, comme si les créateurs cherchaient à repousser indéfiniment le moment où ils auront à trouver une idée neuve.
En proposant quelques semaines seulement après la fin des défilés des ersatz des pièces vues sur les podiums, la fast fashion a fait voler en éclat les traditionnels cycles de 6 mois qui permettaient jusqu'ici de s'approprier progressivement les nouvelles tendances.
Peu enthousiasmants, ces différents constats me poussent aujourd'hui à m'interroger : sommes-nous à l'aube de grands changements, susceptibles de remettre en question la mode telle que nous la connaissons ?
Peut-être faut-il s'attendre à voir la créativité se déplacer vers d'autres domaines de notre quotidien (alimentation, déco…) et le vêtement de demain se distinguer non plus par son originalité ou son esthétisme, mais par ses qualités éthiques, ses matières intelligentes, son minimalisme pragmatique ou encore sa durabilité. À suivre...
Par Lise Huret, le 26 septembre 2014
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