État des lieux #3
Voici pêle-mêle quelques impressions, projets et moments de vie illustrant assez bien mon état d'esprit actuel…
Vous et moi
Comme toute relation forte, la nôtre fut ces derniers temps riche en émotions. Il y eut tout d'abord le road trip en Arizona où, grâce aux Stories d'Instagram, j'ai pu expérimenter la véritable raison d'être des réseaux sociaux, à savoir la possibilité de "partager" au sens noble du terme. En filmant - tant bien que mal - les paysages que nous traversions et en lisant les réactions que ceux-ci provoquaient chez vous, j'eus ainsi la délicieuse sensation d'offrir à ce voyage une troisième dimension. Ni virtuelle, ni vraiment réelle (la nature de celle-ci m'échappe encore), cette dernière illumina clairement notre périple.
Une fois de retour à Toronto, certains de mes articles ont suscité des commentaires mécontents. Maladresses de ma part et exigences poussées de la vôtre ont alors rendu l'atmosphère sur le site quelque peu tendue. Or, lorsque les choses s'agitent, je préfère généralement me mettre en retrait, n'ayant pas forcément l'énergie de rentrer dans de longues explications (ce que je devrais pourtant faire). De son côté, Julien a tendance à réagir plus fortement, car il voit à quel point ces polémiques peuvent m'affecter. Toujours est-il que je tenais à vous dire que vos commentaires - positifs ou négatifs - sont précieux à mes yeux. Qu'ils soient durs, froids, mécontents, joyeux ou enthousiastes, ils me poussent à me remettre sans cesse en question, et pour cela je vous en remercie.
PS : Vous vous êtes récemment appropriés la section "Brèves" en commentant sans filet et avec une bonne dose d'humour les différentes photos et cela me fait extrêmement plaisir !
Ne jamais sous-estimer son corps
Ces derniers mois, j'ai graduellement perdu le contact avec mon corps. Problèmes de stérilet (que j'ai fait enlever depuis) et interminable sevrage d'antidépresseur ont réduit mon énergie à la portion congrue. Et qui dit peu d'énergie, dit réduction au minimum vital de mon activité quotidienne. Moi qui depuis plus de 15 ans avais pris l'habitude de faire du sport quasi quotidiennement, j'ai ainsi tout lâché d'un coup. Or, le sport étant le lien qui me permet de maintenir la communication avec mon corps, j'ai petit à petit commencé à vivre "en dissocié", moi d'un côté et ma chair de l'autre. J'ai ainsi ressorti mes pantalons larges, vécu sans lentilles de contact (afin de ne croiser que des reflets flous dans le miroir), dormi avec un pyjama "sweat pant" afin de ne pas sentir ma peau sur les draps… Au fond de moi, je me sentais usée, inutile, délabrée.
Laissant les sables mouvants de l'autodénigrement m'engloutir doucement mais sûrement, plusieurs mois ont passé. Je ne croyais plus en grand-chose, et surtout plus en mon corps. Vendredi dernier, je reçus un mail de mon ancienne salle de coaching sportif privé m'informant qu'il me restait 27 séances (déjà payées). Je n'y avais pas mis les pieds depuis un an… Dans le brouillard adipeux qui obscurcissait ma joie de vivre, j'eus alors l'impression d'apercevoir une main tendue. Sans prendre le temps de réfléchir, je bookai sans tarder une séance.
Celle-ci eut lieu ce matin à 6h. J'y suis allée la tête basse, les pensées focalisées sur la "nullité" de mon corps… Après quelques exercices, mon coach me lança, admiratif : "You are in very good shape !". Moi ? Moi ! Effectivement, je parvenais à enchaîner sans trop de difficulté squats et push-up : mon corps répondait présent. Je ressentis alors un profond sentiment de gratitude envers celui qui, en dépit de mes terribles manquements, avait su conserver sa force. J'y retourne demain...
Le politiquement correct
Ces dernières années, l'usage des mots est peu à peu devenu un exercice particulièrement périlleux. Il suffit en effet d'un trait d'humour mal interprété, d'une généralité émise, d'une catégorie mal nommée ou d'une pensée n'allant pas dans le sens qu'il faudrait pour déchaîner les passions. Et si je pense que tout ceci part la plupart du temps d'une bonne intention (à savoir respecter chacun et ne blesser personne), j'ai l'impression que la "machine" s'est récemment quelque peu emballée. J'en veux pour preuve la légère appréhension qui m'étreint désormais lorsque j'écris un papier tel que mes "portraits fashion", appréhension suscitée par la crainte que tel ou tel détail de mes descriptions choque l'un ou l'une d'entre vous. A l'heure où sont célébrés les 30 ans de la disparition de Pierre Desproges - qu'il est de bon ton d'adorer en dépit de certains de ses textes qui se verraient aujourd'hui cloués au pilori - j'aimerais tant que la liberté d'expression retrouve ses lettres de noblesse...
Envie d'ailleurs, encore et toujours…
Récemment, une amie me demanda si notre mode de vie - c'est à dire le fait de changer régulièrement de pays - est une fin en soi ou si nous recherchons quelque chose que nous n'avons pas encore trouvé. Sur le moment, j'ai répondu "Oh tu sais, on adore vraiment bouger, etc...". En y réfléchissant bien, je pense cependant que nous sommes effectivement en quête de quelque chose et que ne le trouvant pas, le besoin de déménager se fait régulièrement sentir.
Nous sommes d'ailleurs actuellement en plein dans cette phase : nous savons que nous serons encore à Toronto l'année prochaine (nous avons dû en janvier dernier réinscrire Charles dans son école et il ne serait financièrement pas possible pour nous de faire marche arrière), mais qu'après nous repartirons. Le planisphère situé dans le salon tourne ainsi beaucoup ces derniers temps… Après avoir cru plusieurs mois que notre prochaine étape serait une île de Thaïlande, nous avons fini par réaliser - au fil de nos échanges avec des expats y résidant - qu'entre problèmes réguliers avec internet, hordes de touristes et corruption avancée, la vie là-bas ne nous conviendrait pas forcément.
Notre esprit erre donc désormais de continent en continent, de pays en pays. Climat, situation politique, conditions d'obtention du visa, qualité de l'enseignement, connexion internet… tout rentre en compte. Et en ce moment, c'est Lisbonne qui retient notre attention. À suivre !
Par Lise Huret, le 19 avril 2018
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Je ne suis pas sûre que ce soit l’usage des mots qui soit devenu périlleux, c’est, pour moi, surtout les réseaux sociaux et internet permettant de laisser des commentaires qui rendent tout périlleux. On juge en fonction de sa personnalité. C’est plus subjectif qu’objectif. Certaines personnes que je qualifie personnellement de mal élevées et mal éduquées se lâchent et ne diraient pas le cinquième de leurs mots si elles devaient les dire de vive voix et face à la personne incriminée. Le problème des blogs est aussi que parfois/souvent, on a l’impression de connaître le blogueur et on pense pouvoir le juger s’il a changé (évolue???) (ex: Atelier doré) ou si son post est différent de ce qu’on en attend. Et franchement, les critiques de l’article dont tu parles ont été virulentes mais quand je lis les commentaires postés sur les sites presse (Le Monde, etc) là, j’avoue que je me demande parfois si la (r)évolution numérique ne provoquera pas (ne provoque pas) un mal mondial.
Ceci mis à part, merci de votre article.