La prochaine grande messe de la mode vintage se tiendra le 2 juillet à l'hôtel Drouot-Richelieu. Croire que cette information n'est détenue que par les familières des commissaires priseurs serait se leurrer. La présentation des pièces aura lieu le samedi 30 juin et si vous voulez avoir quelque chance de conclure une vente, autant être la première.
Eh oui, H et M associé à Karl ou Stella n'a plus l'apanage du mouvement de foule ! La première vente « mode » organisée à Drouot avait été un tel succès que la salle prévue à cet effet se révéla bien trop étroite pour accueillir la foule avide de sacs griffés et de robes millésimées. D'où vient cet engouement pour le vintage ?
Depuis plusieurs années, les friperies éclosent un peu partout, les rédactrices de mode vont se fournir chez Mamie au 73 rue de Rochechouart et les actrices hollywoodiennes portent des robes Dior datant de 1955 (Reese Witherspoon à la cérémonie des oscars)… Les puces de Saint Ouen deviennent le must du shopping pointu, car il est du meilleur goût d'arborer des accessoires qui fleurent bon le passé. Pas étonnant que la section maroquinerie des grandes marques retravaille le design de certaines des éditions précédentes afin de les remettre au goût du jour. C'est dans l'air du temps et on le constate à tous les niveaux. Pour en revenir à Saint Ouen, ces dernières années les vendeurs ont assisté à la naissance d'une nouvelle clientèle. Des jeunes femmes au style élaboré qui n'hésitent pas à promener leurs escarpins vernis à travers les stands des friperies. Elles y recherchent avant tout des accessoires : sacs, chaussures et bijoux, des pièces uniques… Puis vient l'état des lieux établi par Dominique Chombert et Françoise Sternbach, ces deux femmes travaillent à Drouot. Elles y ont connu l'époque où les accessoires de mode issus du passé étaient négligemment placés dans de grandes malles et s'offraient aux chineurs obstinés pour une bouchée Ladurée. Époque révolue, car ces expertes en matière de costumes et d'histoire de la mode ont senti le vent tourner quand le stock qui auparavant partait en 6 mois, s'est mis à s'évaporer en quelques jours…
Elles ont alors décidé de rassembler toutes les pièces touchant à la mode : textile, bijoux, maroquinerie et chaussures. Le tout fut classé, étiqueté et évalué pour composer le nouveau catalogue des ventes spécialisées dans le vintage. Le site de vente aux enchères sur Internet "Ebay" ne doit pas être étranger au fait que le mode d'achat des femmes a radicalement changé ces derniers temps… On peut s'interroger sur la provenance de toutes ces merveilles… En 2000, un fripier se gargarisait d'avoir déniché un stock américain de denim à l'état neuf datant des sixties… Nous ne sommes plus dans la même configuration, ce qui plait désormais ce n'est plus la coupe ou le lieu de provenance des vêtements, mais bien leur pedigree. C'est pourquoi les pièces ne viennent pas massivement, mais plutôt touche par touche.
Un cadeau qu'on ne porte pas, le contenu du dressing d'une grand-mère défunte ou les acquisitions de collectionneuses compulsives qui sont obligées de se défaire de certains de leurs trésors pour pouvoir en acheter d'autres. Capital y avait consacré un reportage, le magazine Elle rédige un dossier à ce sujet, le vintage et son mode d'acquisition est en voie de se démocratiser…
Mais quelles sont les raisons qui poussent ces femmes, ces stylistes ou rédactrices de mode, à porter, accessoiriser ou conseiller le vintage ? La raison principale semble être la qualité irréprochable de toutes ces pièces. Car si elles ont passé les âges sans en pâtir c'est bien qu'elles sont à l'épreuve du temps.
De plus, le turn over imposé par les griffes de luxe qui impriment une cadence toujours plus rapide en terme de renouvellement de gamme, fait que la qualité des produits n'est plus équivalente à celle que l'on trouvait dans les années 60. Par ailleurs, la consommatrice est de plus en plus perdue dans cette valse des « must have » à posséder pour être à la pointe de la tendance. C'est pourquoi elles préfèrent acquérir un modèle vintage qui par nature est indémodable, car il n'est plus à la mode et suscite encore l'intérêt. Pour un budget moindre on peut acheter des pièces griffées qui seront du plus bel effet dans notre garde-robe. Celles qui chinent en ont l'habitude : pour le même prix, elles pourront ou porter un manteau bien coupé datant des années 70, ou acheter dans la grande distribution un manteau qui ne fera pas l'hiver et qui sera démodé bien avant le printemps. Outre les ventes aux enchères de Drouot, d'autres ventes sont organisées sur la capitale. Mais au-delà des ventes, des fripiers plus apparentés à des têtes chercheuses de génie sont désormais renommés pour la qualité de leurs marchandises. Les stars américaines ne s'y sont pas trompées et sont devenues les premières clientes du vintage français haut de gamme. Ainsi, aucun risque de se voir voler la vedette par une autre actrice portant la même robe !
Didier Ludot entre autres, spécialisé dans le vintage Haute Couture, dispose de pièces à se damner… Et son carnet d'adresses est digne du plus mondain des jet setteur, tant ses clientes sont connues et cosmopolites (Didier Ludot, 20-24, galerie Montpensier, Paris :01.42.96.06.56).
Finalement, le vintage est-il la solution absolue pour être unique et ne plus être esclave des tendances éphémères de la mode ? Peut-être, en tout cas c'est le moyen idéal pour se constituer un vestiaire de basics pointus et irréprochables.
Dépôt-vente du XVIIe, 109, rue de Courcelles, Paris (XVIIe), 01.40.53.80.82.
Les Trois Marches de Catherine B, 1, rue Guisarde, Paris (VIe), 01.43.54.74.18. Hermès et Chanel uniquement.
Par Lise Huret, le 04 juin 2007
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