Au pays de la maroquinerie, les peaux de serpent ont depuis longtemps acquis leurs lettres de noblesse. Pourtant, à moins d'aller faire son shopping chez Dior ou Hermès, il est rare de trouver des produits ne s'avérant pas too much, vulgaires ou faussement luxueux. Il faut dire qu'avec le python et ses confrères, le terrain est souvent glissant. D'ailleurs, si depuis plusieurs saisons de nombreux accessoires s'en sont pourvus, ils n'ont jamais su générer une véritable tendance...
Il aura finalement fallu attendre les défilés de l'été 2009 pour que ce qui était auparavant réservé aux richissimes élégantes et autres Dita Von Teese devienne assez léger et innovant pour séduire la fashion sphère. Ainsi, chez Prada, Miuccia imagine des fourreaux racés émaillés de python, mettant en exergue l'aspect graphique de la peau afin de susciter une séduction à la fois sauvage et maîtrisée. On note au passage que l'on ne retrouve sur le podium milanais aucun lieu commun sur le sujet serpent, ce qui permet aux pièces reptiliennes de conférer au genre une nouvelle fraîcheur.
Très loin du charme bon marché de l'imprimé python (surexploité par la grande distribution depuis des années), Prada parvient à lier modernité, féminité et snake touch' avec brio. Que ce soit par des escarpins plus romantiques que sexy ou par un sac destiné à être saisis négligemment, la madone italienne réussi en effet à insuffler à ses accessoires une désinvolture luxe très désirable.
Mais celui qui cette saison a définitivement ravi le subconscient des modeuses, c'est encore une fois Marc Jacobs, avec sa capacité à fusionner pièces désuètes ringardes ou vieillottes avec la magie de l'air du temps, rendant le résultat hautement addictif. Mélange de réminiscences années 40, d'exotisme à la Joséphine Baker et de style parisien, le défilé Louis Vuitton a ainsi gagné sa place sur la première marche du podium...
Marc Jacobs y travaille avec dextérité des matières riches, sans pour autant tenir à distance la jeune femme avide de toilettes chic et énergisantes. Le python se mue alors en patchwork, se mêlant à d'autres peaux et gagnant en facilité d'appropriation. Les sandales bijoux sublimement pensées façon parure Masaï seront d'ailleurs à n'en pas douter l'un des must have de l'été.
Idéalement mis en valeur par le styliste new-yorkais, le champ lexical du serpent perd ainsi de son aura bas de gamme et poussiéreuse, oubliant ses mauvais jours cheap et ses égarements hyper luxe chez les oligarques russes...
Ceci dit, il ne s'agit pas ici d'investir dans une pièce forte, de type jupe crayon ou blazer. En effet, ces dernières auront toujours énormément de difficultés à paraître classes. De plus, il n'est pas dit que la tendance perdure plus d'une saison, d'où l'inutilité de se ruiner pour un produit appelé à être revendu sur Ebay à moitié prix...
En fait, s'il veut être joliment dans le vent, l'esprit snake doit se porter en touches légères, colorées et un brin décalées. Katie Holmes a ainsi tout bon en relevant une tenue ultra casual avec une paire de ballerines Roger Vivier en python, tandis que Rachel Bilson fait le bon choix en optant pour une besace Jimmy Choo subtilement ornée de python jaune canari.
Pour suivre la tendance sans risque, on jette donc son dévolu sur des petites pièces classiques dont le design casual peut se permettre la fantaisie d'un imprimé reptile. Haro donc sur les Triton kampal de chez K.Jacques, indispensables pour passer l'été en osmose avec les hautes sphères pensantes de la mode...
Par Lise Huret, le 08 juin 2009
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