Le tumulte médiatique qui accompagna le dépôt de bilan de la maison Lacroix et les adieux éplorés de la profession au couturier ont eu tendance à occulter l'essentiel : il faudra en réalité bien plus qu'une cessation d'activité pour mettre un terme à la créativité du couturier. Maintes fois par le passé, l'homme a ainsi prouvé que la mode était loin d'être son seul champ d'action...
D'ailleurs, si l'on en croit l'interview qu'il donna en octobre aux Inrocks, la mode n'est pour lui qu'un moyen parmi d'autres de "rendre théâtral le quotidien". L'architecture, le design ou encore l'opéra pouvant être, selon les opportunités, autant de prétextes à créer.
Aujourd'hui, c'est au détour d'un carnet de croquis regroupant les différents costumes d'Agrippine que nous le retrouvons. Après avoir conçu ceux de Fortunio (qui se jouait encore récemment à l'Opéra Comique), le créateur est ainsi embarqué dans un nouvel univers, où son amour de l'Histoire et de la musique cohabitent à merveille.
Qu'importe la crise et ses aléas, Christian Lacroix semble être déjà passé à autre chose. Il avoue d'ailleurs aimer particulièrement travailler dans le monde du théâtre, qu'il considère comme un "vrai milieu artistique", contrairement à la mode qu'il juge au mieux comme un art appliqué.
Or, celui qui, dans sa couture, avait parfois tendance à se caricaturer lui-même, excelle lorsqu'il met sa créativité au service d'un texte ou d'un metteur en scène (Anges ternis, Shéhérazade, Ballet de l'Opéra de Vienne...). Libéré des codes-carcans de la griffe Lacroix, il laisse alors s'exprimer une dextérité frappante, servant au mieux le jeu des acteurs. Celle-ci lui valut le Molière du costume pour le Cyrano de Denis Podalydès, 12 ans après celui obtenu pour Phèdre...
Dans cette même interview, il avoue également jubiler à l'idée d'être présent là où on ne l'attend pas. Autrement dit, s'il effectue aujourd'hui de nombreux va-et-vient entre Berlin et la France afin de superviser les essayages d'Agrippine, il pourrait très bien concevoir bientôt un hôtel à Shanghai, relooker les taxis londoniens ou encore dessiner une robe sur-mesure pour Michelle Obama...
En attendant d'en savoir un peu plus sur ses projets (qui ne devraient de toute façon pas passer inaperçus, vu la personnalité de l'artiste), les nostalgiques de Lacroix pourront donc se consoler en s'envolant vers Berlin, où ils assisteront à un opéra en trois actes d'Haendel dont les costumes auront été conçus par le couturier...
Par Lise Huret, le 20 janvier 2010
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Lacroix a beaucoup de projets et ces projets lui rapporte de l'argent mais...l'argent qu'il gagne pourrait lui permettre d'acquerir SA Maison de couture et il pourrait travailler de manière presque artisanale comme ALAIA....alors pourquoi ne l'a t-il pas fait??
En tout cas, il semble heureux et presque libéré de cette maison de couture qu'il a créé..comme si, c'était un fardeaux....
C'est assez étonnant de voir des dessins Lacroix presque monochromes..le too much de tout....c'est fini??