The Selby, The Coveteur, The Glow... Autant de sites mettant en scène intérieurs, garde-robes et progéniture de cette faune ultra branchée dont la cote est dernièrement montée en flèche. Comme si, pour exister au sein des milieux "hype", il était devenu nécessaire d'afficher une réussite parfaite, un goût sûr, des enfants sublimes, une bibliothèque éclectique, une déco pointue...
Pourtant, cette exposition n'est pas sans contraintes, les personnalités shootées devant accepter de voir une partie de leur vie privée exposée ad vitam æternam sur la toile... un prix que beaucoup semblent aujourd'hui disposés à payer. Il faut dire qu'au-delà de satisfaire la part de voyeurisme présente en chacun d'entre nous, ce genre de mise à nu contribue à faire grimper l'aura de ceux qui s'y adonnent, leur apportant plus de sollicitations, de parutions, d'interviews ou encore de contrats.
Autant dire que les rédactrices de mode ont aujourd'hui tout intérêt à exposer dans leur salle de bain une kyrielle de produits Kiehl's, de jeter sur leur lit un savant mélange de pièces créateurs, d'accessoires vintage et de vêtements chinés, de clouer au mur leurs bijoux Pamela Love et Aurélie Bidermann et d'éparpiller sur leur bureau Matali Crasset les derniers numéros de Love, Acne Paper et Interview Magazine. Sans oublier bien évidemment de stationner leur vélo dans l'entrée...
Ajoutez à cela soirées passées à fraterniser avec les RP (afin de s'assurer d'être invitée au maximum de défilés), vernissages et autres événements mondains - où le seul objectif est de "networker", afin de vendre au mieux son personnage - et vous obtiendrez une existence où le regard des autres sert de baromètre, où vos amis sont des relations de travail souvent plus intéressées que sincères et où votre bulle privée se doit de ressembler à une page de magazine branché.
Un style de vie qui, s'il put dans un premier temps me faire rêver, m'apparut rapidement vide de sens une fois à ma portée. Oui j'aime la mode, ses incessantes mutations, son histoire, ses fantaisies, ses excès, ses acteurs, ses fées et ses muses, mais pas au point de m'y fondre toute entière.
Désireuse de pouvoir continuer à analyser, commenter et disséquer celle-ci en toute sérénité, je finis par ailleurs par prendre conscience de la nécessité de me tenir à distance de l'agitation chronophage ainsi que de l'incessante compétition y faisant rage (sous couvert de sourires friendly). Ce qui me permit d'arrêter de culpabiliser suite à mes refus de laisser tel magazine photographier mon appartement ou encore d'honorer les invitations à ces soirées où il "faut être vue"...
Peu à peu, je compris alors que cette nouvelle liberté se devait d'être vécue pleinement, sous peine de demeurer stérile. La magie d'internet me permettant d'écrire d'où bon me semble, nous avons donc décidé Julien et moi de partir à la découverte d'autres horizons, avec pour ambition de nous nourrir de clashs culturels, de nouvelles façons de vivre, de penser, de se vêtir, d'appréhender la mode et la féminité. Cela fera bientôt un mois que nous avons posé nos valises à Vancouver...
Par Lise Huret, le 27 septembre 2011
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