Une mise au point salutaire, tant il est difficile d'appréhender ce mal dont les symptômes peuvent s'assimiler à un manque de volonté, à un excès de paresse (ou à un pic d'énergie, selon le moment du "cycle") ou encore à de la mauvaise humeur : autant de choses qu'une personne "normale" expérimente au quotidien et parvient généralement à gérer. D'où la confusion de l'entourage et de la sphère sociale qui, voyant dans lesdits symptômes de simples passages à vide, ont souvent tendance à dire au malade bipolaire : "Allez, fais un effort", "Moi quand ça ne va pas, je prends sur moi", ou encore "Moi aussi il y a des jours où je n'ai pas envie de me lever". Or, cette maladie est bien moins une question de volonté que de dysfonctionnement chimique...
Et si les médicaments permettent généralement d'atténuer l'amplitude des variations d'humeur, le monstre qui altère notre être ne disparaît jamais totalement. D'où la nécessité de prendre le temps de l'ausculter, de le disséquer, afin d'être en mesure de contrer au mieux ses attaques sournoises.
Bouleversée par la franchise et le courage de Catherine Zeta-Jones (difficile de faire un tel aveu lorsque l'on est une personne publique), je m'étais fait la promesse de parler un jour ouvertement de ce trouble destructeur. Non pas par exhibitionnisme stérile, mais pour montrer que celui-ci existe, que l'on peut vivre avec et qu'il ne faut jamais baisser les bras. Mais aussi pour dire qu'en terme de traitements il faut chercher, chercher et encore chercher, jusqu'à trouver le praticien qui saura établir la bonne prescription. De mon côté, je ne fais plus le compte des psychiatres rencontrés ; il m'aura ainsi fallu aller jusqu'au Canada pour dénicher le début d'une solution à mon problème.
Et si je n'arrive pas toujours à éviter hypersomnie, hyperphagie, angoisses, pics excessifs d'énergie et descente aux enfers (ce qui est pour moi généralement synonyme de retard considérable dans mon travail et d'annulation de mes rendez-vous à la dernière minute), mon quotidien n'a néanmoins plus rien à voir avec celui de mes 20 ans, lorsque j'avais l'impression chaque matin de jouer à la roulette russe...
En matière de bipolarité, il ne faut jamais perdre espoir, et rester convaincu qu'une solution existe quelque part. Et surtout ne jamais se contenter d'une demi-vie...
Par Lise Huret, le 06 février 2015
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Je suis bouleversée par ton témoignage.
On s'en sort ! J'ai grandi avec du Lithium…
Je vais t'écrire en privé !
Baisers
Isis