Courrèges, un come-back réussi
Marquant le retour de la griffe française au sein de l'arène fashion, le défilé Courrèges n'a pas déçu. Il est vrai qu'entre parti pris high-tech et efficacité déconcertante, Arnaud Vaillant et Sébastien Meyer ont séduit par leur fraîcheur et leur créativité parfaitement maîtrisée...
On les savait doués, on les a découverts audacieux et visionnaires. Pour leur premier défilé chez Courrèges, les fondateurs de la griffe Coperni ont en effet délaissé les catwalks traditionnels au profit de la scène de l'Opéra Bastille et ouvert les festivités par un discours de présentation - à la manière d'un Steve Jobs - donnant fort envie de découvrir leur vision de la marque iconique des années 60.Focalisés sur les pièces fortes de la griffe relancée en 2012 par Jacques Bungert et Frédéric Torloting, les deux jeunes hommes mixèrent images digitales des pièces (via un immense écran où ces dernières furent projetées en 3D) et défilé minimaliste aux allures de présentation en showroom. Le résultat fut frappant : on ne vit que le produit. Un produit reprenant les codes Courrèges (vinyle, ligne A, longueur microscopique, futurisme) et se sophistiquant au contact de la patte Coperni (découpes insolites, boutonnages surprenants, détails graphiques). Composée de 15 modèles déclinés en différentes matières, la collection printemps/été 2016 illustre par ailleurs à merveille la notion d'efficacité éclairée, entre mini-jupes arborant des découpes arrondies, bomber revisité, chemise liquide en veau velours et micro robe ligne A taille basse en vinyle.
Il est vrai qu'ici, pas de magie, pas de stylisme (les mannequins portaient chaque pièce avec un body blanc), pas de make-up outrancier tenant à distance de la réalité : c'est bel et bien la matière quasi brute, le vêtement à l'état pur qu'on nous livre. Et cela fait du bien. D'autant plus que celui-ci se révèle désirable, portable et incisif. Assurément, les acheteurs n'auront pas besoin de passer au showroom pour faire leur sélection, ni les clientes d'attendre le catalogue pour envisager leurs achats, tant le duo créatif est parvenu à offrir une vision nette et pragmatique de ses créations. Si l'on avait pu commander dès la fin du défilé les pièces vues sur le podium, nul doute ainsi que les ventes auraient été très nombreuses… Or, n'est-ce pas aujourd'hui le but ultime d'une marque de mode que de susciter un désir immédiat ?
Il semblerait qu'Arnaud Vaillant et Sébastien Meyer soient sur la bonne voie pour faire à nouveau de Courrèges une maison qui compte. Confirmation la saison prochaine…
Voir toutes les photos : http://www.vogue.com/spring-2016-ready-to-wear/courreges
Par Lise Huret, le 01 octobre 2015
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Belle et douce journée à toi Lise,
M.