Blogueuses, les nouvelles créatrices ?
Elles s'appellent Chiara, Julie ou encore Anine, n'ont pour la plupart fait aucune école de mode, aucun stage auprès d'un créateur et ne savent ni manier une aiguille, ni dessiner un croquis (à l'exception de Lisa Gachet). Pourtant, ces jeunes femmes sont en train de s'imposer doucement, mais sûrement au sein de l'offre prêt-à-porter. Leur point commun ? Un blog influent associé à un lectorat en totale osmose avec elles…
En 2014, la ligne de chaussures lancée par Chiara Ferragni - la brindille italienne du blog "The Blond Salad" - a généré pas moins de 5 millions de dollars. De son côté, l'Americaine Anine Bing revendique déjà 4 boutiques en propre. Et si les Parisiennes sont nombreuses à fondre pour les volumes loose de Margaux Lonnberg, les pièces au style californien imaginées par Julie Sariñana du blog Sincerely Jules séduisent quant à elles tous azimuts, tandis que les créations "Wear Lemonade" de Lisa Gachet se retrouvent souvent en rupture de stock.Autrement dit, ces blogueuses ont réussi - chacune à leur échelle - là où de nombreuses petites griffes indépendantes ont échoué, à savoir vendre du rêve accessible, doter le vêtement d'une véritable charge affective, tout en développant un modèle économique rapidement rentable. Leur recette ? Tirer parti d'un univers ultra identifiable, d'une image se situant entre icône et bonne copine, d'un trafic souvent colossal, de réseaux sociaux boostés aux hormones et d'une grande proximité avec leur lectorat, auquel elles proposent régulièrement des pièces produites par leur soin.
Véritables entrepreneuses, ces blogueuses devenues créatrices ont compris qu'il était dans leur cas bien plus pertinent de créer leur propre marque que de promouvoir celles des autres. Rien de plus excitant en effet pour une lectrice que de pouvoir s'approprier une partie de l'univers de son idole en se lovant dans une pièce imaginée par elle…
L'étape suivante (d'ores et déjà atteinte par certaines) consistera à réussir à vendre leurs produits bien au delà de leur communauté, afin d'en confirmer la valeur intrinsèque.
Ce que j'en pense
J'éprouve pour les marques précédemment citées des sentiments différents : je ne suis pas touchée par l'univers de Chiara Ferragni, mais reste admirative devant la force de frappe de la jeune femme ; je suis dubitative face au prix des pièces Margaux Lonnberg, tout en les trouvant souvent désirables ; j'aime le concept et la dynamique de Wear Lemonade, mais ne suis pas dans la cible ; j'ai beau trouver les soutiens-gorge imaginés par Anine Bing parfaits pour sensualiser un profond col V, je n'ai jamais passé commande. Enfin, je ne décèle aucune valeur ajoutée dans les créations de Sincerely Jules.
Cela étant dit, face à une fast fashion lassante, à des podiums décevants et à des créateurs inaccessibles, il me semble que ces blogueuses/créatrices à l'incroyable popularité ont une vraie carte à jouer, leur extrême proximité avec leurs potentielles clientes leur permettant d'humaniser l'acte d'achat tout en le rendant plus attrayant, plus concernant, plus addictif…
Par Lise Huret, le 14 décembre 2015
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Styliste c'est un métier ça ne s'improvise pas à mon sens...bref je suis suis contre ça.