Chronique #61 : Inattendu revirement stylistique
Face à une envie de changement aussi soudaine qu'impérieuse, certaines choisissent de se teindre en blonde, de s'offrir un tatouage, un piercing nasal, une coupe ultra courte, un nouveau mari ou encore une maison à la campagne. De mon côté, j'ai préféré opter pour un bijou baroque prenant le total contrepied de mon penchant pour le minimalisme...
Pendant de longues années, androgynie et discrétion ont régenté mon dress code. Moi qui vénère le bleu marine, voue un culte au caban et n'aime rien mieux que les pantalons larges, les chemises masculines, les marinières et les mailles épaisses, j'avais ainsi trouvé dans les débuts jansénistes de Phoebe Philo chez Céline et dans la grammaire au calme précis de Christophe Lemaire de quoi m'inspirer durablement. Ces derniers mois, j'ai néanmoins fini par me lasser de cette unité sobre et casual devenue le fer de lance de blogueuses telles que Mija Flatau. Un sentiment qui n'a fait que s'accentuer une fois confronté à l'élégance tout sauf lisse - et encore moins uniforme - des Florentins.
Depuis notre arrivée en octobre dernier, je me surprends en effet régulièrement à flâner dans les échoppes vintage de la ville et à m'arrêter devant les vitrines des antiquaires/brocanteurs, le regard accroché par une broche alambiquée, une bague majestueuse ou une parure d'un autre âge.
Lorsque j'évoquai ce curieux changement de paradigme esthétique à une amie russe folle de Florence, celle-ci me conseilla d'aller faire un tour au sein d'une petite boutique de bijoux façon ancien dénommée Tharros.
Une fois devant ces créations baroques aux reflets princiers dépourvus de toute modernité, je fus dans un premier temps interdite : je ne savais qu'en penser. Je revins cependant plusieurs fois les observer et, contre toute attente, je finis par les désirer.
Au fil de mes visites, l'envie de perturber le minimalisme casual de mes tenues par une pointe de baroque désuet s'est en effet faite de plus en plus pressante, de plus en plus obsédante. À tel point qu'hier, je m'offris un collier m'évoquant aussi bien les portraits de Marie de Medicis que les fastes passés de la vie d'une vieille ambassadrice.
De retour chez moi, face au miroir, je le télescopai tour à tour à un pull bleu marine, une chemise en jean et une marinière, et le résultat me plut. Il faut dire qu'une fois apaisée par le duo baskets/pantalon large, cette rivière de perles avait perdu de son premier degré bourgeois.
Pour autant, cette incartade stylistique ne fit guère l'unanimité, Julien n'appréciant guère l'incursion d'un accessoire potentiellement "mémérisant" au sein de mon uniforme quotidien. Mais pour une fois, j'ai décidé de m'en moquer : le désir de de me réinventer et de sortir de mes sentiers battus est plus fort que mon envie de plaire à cet inconditionnel de l'épure qu'est mon mari. Et qui sait, peut-être finira-t-il par s'y faire ?
De mon côté, je me demande si l'imminence du Pitti Uomo a quelque chose à voir avec cette légère prise de risque ou si mes goûts en matière d'allure sont tout simplement en train d'évoluer… À suivre !
Par Lise Huret, le 08 janvier 2016
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