Fashion week de Milan - Printemps/été 2018
Entre teinte lilas omniprésente, défilé Prada militant, renouveau Jil Sander, obsession pour les millennials et come-back flamboyant des top models des années 90, tour d'horizon de ce qu'il faut retenir de la fashion week milanaise...
Prada
Plus militante que jamais, Miuccia Prada livre cette saison une collection aux volumes souvent délibérément amples (de manière à ne pas encourager une féminité premier degré) et aux graphismes empruntés à des dessinatrices ayant pour point commun de représenter des femmes loin des stéréotypes de genre (Brigid Elva, Joëlle Jones, Stellar Leuna, Giuliana Maldini, Natsume Ono, Emma Ríos, Trina Robbins et Fiona Staples). Pour le reste, entre tailoring plus que parfait, énergie froide, détails funky contrebalancés par une allure générale stricte, look d'executive woman pour femme/enfant et ornementation ostentatoire contredisant des pièces sévères, la grammaire Miuccienne ne change pas.
Parmi les accessoires qui ne manqueront pas de séduire les modeuses au pouvoir d'achat élevé, les sacs cartoons, les lunettes Matrix nouvelle génération, les grigris kawaï ainsi que les sandales punk-hippisantes figurent incontestablement en bonne place.
On notera par ailleurs que les manteaux aux allures de pages de comics donnent envie de se transformer pour un temps en femme-sandwich, que le nouage de chemise risque de devenir la nouvelle marotte fashion et que l'association chevron/léopard mérite que l'on s'y attarde.
Jil Sander
La griffe Jil Sander serait-elle sur le point de regagner les faveurs de la fashion sphère ? C'est en tout cas ce que laisse espérer la première collection du couple Meier. Il faut dire que l'alliage artistique de Lucie (ex-Dior) et de Luke (ex-Supreme) laissait présager du meilleur. Intelligent, épuré sans être réfrigérant, piqué de références aux volumes minimalistes des années 90, agrémenté de macramé contredisant la radicalité de certaines lignes et entrecoupé de passages à la cosyness sobrement folk, cet opus rend assez optimiste sur le futur de la marque.
Dolce&Gabbana
Si l'on peut reprocher beaucoup de choses à Domenico Dolce et Stefano Gabbana, on ne peut leur dénier leur énergie débordante. En cette fin septembre, ce n'est ainsi pas moins de deux shows qu'a mis en place à moins de 24h d'intervalle l'inoxydable duo : destiné à leur clientèle, le premier fut donné dans leur boutique, tandis que le second - le défilé officiel - eut lieu le lendemain.
Des shows dont les toilettes reprennent les codes chers aux designers siciliens et dont le casting - qui fut une fois de plus réalisé parmi les "filles, soeurs et fils de" de l'intelligentsia fashion/mondaine (voir ici, ici et là) - semble avoir pour but de séduire massivement les "millennials".
Bottega Veneta
Sous les doigts de Tomas Maier, les vêtements s'effacent pour mieux laisser le pouvoir aux juxtapositions de teintes et de textures.
En partie inspirée des pièces à colonnades de marbre de Kedleston Hall (voir ici et là), la palette de coloris fanés contourne les risques d'ennui visuel en se piquant régulièrement des oeillets métallisés (voir ici, ici et là). Le résultat s'avère aussi précis que sensuel, tout en restant à distance de toute déclinaison sirupeuse.
On note par ailleurs que le mix vichy/cuir perforé est à copier sans tarder et que la vareuse en nylon bleu fumé ravira certainement les adeptes de l'athleisure.
Fendi
Face à une collection Fendi qui se révèle une fois de plus particulièrement réussie, on se demande pourquoi Karl Lagerfeld ne propose pas à Silvia Venturini Fendi de le seconder chez Chanel. Leur duo fonctionne si bien... Contrairement à ce que nous livre régulièrement la rue Cambon, tout - ou presque - est ici portable, moderne, exigeant, dynamique et élégamment innovant (voir ici, ici, ici et là).
À noter également
Donatella Versace entourée de cinq tops models ayant marqué les années 90 : voilà l'image que l'on retiendra certainement de cette fashion week de Milan. Radieuses, musclées et épanouies, celles-ci n'ont rien à envier aux jeunes filles défilant aujourd'hui, bien au contraire…
Chez Max Mara, la collection de Ian Griffiths se révèle être un vibrant hommage à Helmut Lang.
Chez Sportmax, on retient les combos de teintes marron chocolat/bleu marine/bleu fumée/jaune pâle et rose layette/vert forêt.
Si chez Marni, Francesco Risso coche les cases en accumulant volumes oversizes, coupes faussement maladroites et clashs de coloris, il peine néanmoins à rendre l'ensemble cohérent (voir ici, ici et là). La magie propre à Consuelo Castiglioni fait ici subtilement - mais cruellement - défaut à la griffe italienne.
Vue chez Sportmax et No21, l'idée consistant à apaiser imprimés fleuris et paillettes permet d'offrir une nouvelle dimension à ces derniers.
Le pull large cropped se révèle être un compagnon inattendu mais charmant de la jupe taille haute midi (No21).
Kaia Gerber joue au caméléon sur les podiums milanais (voir ici, ici, ici et là).
Classique mais différente, la tresse Jil Sander fait mouche.
Katie Grand possède apparemment une routine sport bien rodée pour survivre aux fashion weeks !
Rien n'arrête - et surtout pas le premier degré - Anna Dello Russo lorsqu'il s'agit de mettre en valeur son corps de nageuse/yogi… (voir ici, ici et là)
Par Lise Huret, le 25 septembre 2017
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