Fashion week de New York - Automne/hiver 2018-2019
Entre avalanche de pop-corn, odes à Yves Saint Laurent, power dressing et coloris vibrants, tour d'horizon de ce qu'il faut retenir de la dernière fashion week new-yorkaise...
Au vu de la collection hautement célinienne présentée par Victoria Beckham, il semblerait que l'ex-chanteuse ait cru que, suite au départ de Phoebe Philo de la tête de la maison parisienne, les archives de la styliste britannique soient désormais libres de droits… Célébrant l'extravagance des années 80, les créations Tom Ford empruntent aussi bien au style surchargé de Roberto Cavalli qu'à l'énergie baroque de feu Gianni Versace. Une exubérance qui flirte parfois avec la vulgarité, mais dont la dimension joyeusement italienne et ouvertement sexy ne pourra que séduire les richissimes clientes de la boutique de Beverly Hills. On notera au passage que le "Pussy Power" inscrit sur certains sacs semble vouloir surfer sur l'actuelle vague de hashtags à portée féministe.
Chez Alexander Wang, les party girls de la saison dernière cèdent la place à une armée de working girls addicts au style Saint Laurent et férues de sports. Sous leurs atours à la sexyness sévère, on imagine des femmes cérébrales n'ayant aucun tabou en matière de sensualité. Assurément efficace, ce vestiaire aurait certainement gagné à être présenté sur des femmes aux morphologies plus variées.
Les fans de la série Black Mirror apprécieront à sa juste valeur le premier passage du défilé Philipp Plein…
Chez Sies Marjan, les combos de teintes tantôt gourmandes, tantôt délavées confèrent un véritable supplément d'âme aux silhouettes du show (voir ici, ici et là).
De la collection 3.1 Phillip Lim, on retiendra que le créateur mise avec un peu de retard sur l'imprimé floral sur fond noir, mais aussi et surtout que marier kaki et bleu azur est une brillante idée. Sachet de pop-corn en guise d'invitation, neige de maïs soufflé parsemant le sol (personne n'a dit à Raf Simons qu'il ne fallait pas gâcher la nourriture ?), décor digne d'un film d'horreur glaçant... pas de doute, c'est bel et bien au cinéma que Raf Simons a choisi d'emmener son public cette saison. La programmation ? Un film étrange où des Charlestonniennes de 1864 tentent d'échapper à la guerre de Sécession en se téléportant dans une ferme abandonnée du 21e siècle. Confrontées à un froid glacial, celles-ci tentent alors de réchauffer leurs longues robes au contact des vêtements utilitaires trouvés dans la grange du domaine… Voilà pour le pitch.
Dans les faits, cela donne naissance à une collection flattant l'image d'Épinal que l'on se fait de l'Amérique du 19e siècle (entre patchwork, tricot et toilettes d'élégantes sudistes), tout en jouant avec la notion de protection et de culture pop. Le résultat se révèle enthousiasmant, mais légèrement confus. Il est vrai que si le travail sur les manteaux et le stylisme de certaines silhouettes est à saluer (voir ici, ici et là), celui sur les robes laisse quant à lui songeur, tant certaines de ces dernières conservent leur dégaine historique (voir ici et là). Raf Simons semble ainsi partagé entre la nécessité de célébrer l'identité américaine de Calvin Klein et l'envie de laisser libre cours à sa propre grammaire (voir ici et là). Du côté des accessoires, on note le décalage flagrant entre l'audace des longs gants d'astronaute et des cagoules pour vulcanologue des villes et l'inintérêt total de certains sacs de la collection.
Certaines silhouettes Michael Kors rappellent le style "girly roots chic" de la regrettée griffe londonienne Luella (voir ici).
Elevés au rang d'intemporels universels, les basiques de The Row brillent par leur coupe parfaite où force, confort et humilité fusionnent souvent pour le meilleur (voir ici, ici et là).
Ensevelie sous un traitement oversize des archives Saint Laurent (voir ici et là), la collection Marc Jacobs se révèle assez difficile d'accès. Il faudra ainsi attendre de la voir en "pièces détachées" au sein du showroom pour juger de la réelle pertinence des pièces la composant.
A noter également
Aussi paradoxal que ce soit (au vu des tours de taille des rédactrices de mode et des mannequins ayant défilé cette semaine), la fashion week new-yorkaise fut placée cette saison sous le signe de la nourriture. On vit ainsi la griffe Monse proposer des hot dogs à emporter, Raf Simons créer une orgie visuelle de pop-corn, Rosie Assoulin donner dans le food porn et les mannequins Chromat grignoter des Cheetos sur le catwalk...
Grâce à - ou à cause de - Marc Jacobs, la coupe Vidal Sassoon pourrait bien revenir hanter les salons de coiffure (voir ici).
Katie Holmes est parvenue à avoir l'air endimanchée dans chacune de ses tenues (pourtant de styles très différents) (voir ici et là).
Le clan Beckham était là au complet pour applaudir les exploits du chef de famille (voir ici).
Arizona Muse s'est essayée à la bouclette serrée (voir ici).
Si l'on en croit ses apparitions récurrentes sur les podiums new-yorkais, Ashley Graham serait en passe de devenir une mannequin "comme les autres" (voir ici, ici et là).
Alors qu'on les croyait incapables de surmonter le déshonneur d'avoir été détrôné par le clan Kardashian, les soeurs Hilton n'ont en réalité rien perdu de leur aplomb (voir ici).
Parmi les nouvelles mannequins à fort potentiel, Aube Jolicoeur tire son épingle du jeu.
Par Lise Huret, le 16 février 2018
Suivez-nous sur , et