Fashion fatigue
Le marathon des fashion weeks vient tout juste de s'achever, me laissant à la fois perplexe et désappointée. Où est donc passé mon plaisir à analyser les froufrous balayant les catwalks, les concepts susceptibles de révolutionner la saison et les prouesses des nouveaux DA ? Face à cette profusion de vêtements, de corps et d'argent, je ne ressens désormais que décalage, ironie et manque d'inspiration. Une sensation diffuse nourrie par de multiples éléments…
Le départ de Karl Lagerfeld n'ayant rien changé à la valeur esthétique du show Chanel, on peut s'interroger sur l'impact réel du couturier sur les dernières collections. En devenant la caution verte de LVMH, Stella McCartney risque de servir de paravent médiatique aux inepties environnementales du groupe.
Chez Givenchy, Clare Waight Keller tenta maladroitement d'assurer les ventes de la griffe en puisant dans les tendances de la saison dernière (entre all-over floral, manches bouffantes et touches de violet).
En parvenant à déclencher une vague d'envies via des silhouettes non novatrices puisant leur sève au sein d'une décennie fashion désirable (les seventies), Hedi Slimane réduisit à néant la nécessité de flamboyance vestimentaire et de renouveau permanent.
Afin d'asseoir la dimension créative de leur rafraîchissante collection, Rushemy Botter et Lisi Herrebrug (les deux jeunes DA de chez Nina Ricci) se sont apparemment sentis obligés de coiffer leurs mannequins de pots de fleurs aussi conceptuels qu'instagramables (voir ici).
Chitose Abe (Sacai) ne parvint pas à magnifier le mix imprimé mappemonde/déconstruction et passe ainsi à côté d'un potentiel coup de génie (voir ici).
Pierpaolo Piccioli (Valentino) resta dans sa zone de confort, au point de parasiter la beauté d'ordinaire inhérente à son travail.
Les prothèses de pommettes saillantes arborées par les mannequins Balenciaga - voir ici et là - confirment une réalité terrifiante : le visage est le nouveau vêtement, autrement dit un élément modulable à l'envi (à condition d'en avoir les moyens).
Il semble aujourd'hui qu'au sein de l'univers de la mode, le message compte bien plus que le fond. Or, aussi vertueux soit-il, ledit message n'en demeure par moins à 90% marketing... d'où un sentiment de supercherie opportuniste particulièrement dérangeant.
Les trois mois d'arrêt maladie récemment prescrits à Virgil Abloh - le chouchou hyperactif du fashion cosmos - tendent à démontrer que le rythme auquel sont actuellement soumis les créateurs mène inexorablement au burn-out…
Les photos de mannequins Dior évoluant au sein d'une forêt urbaine - voir ici - illustrent à merveille la dichotomie entre communication visuelle et réalité : alors que le défilé se veut être une ode à la nature, force est de reconnaître que la logistique qui fut nécessaire pour créer et accéder à cet événement est elle-même bien peu "éco friendly"...
La griffe Coperni parasita ses coupes parfaites par son obsession pour les nouvelles technologies, entre "Wi-Fi bag", présentation aseptisée au sein d'un Apple Store et visuels à l'esthétique réfrigérante (voir ici, ici et là).
Continuer à caster des mannequins infiniment maigres semble ne poser aucun problème aux maisons de mode... Pour autant, tout n'est pas totalement gris :
La collection de Marine Serre est composée à plus de 50% de matières recyclées.
En décidant d'unir leurs talents, Christian Lacroix et Dries Van Noten ont démontré que l'envie de créer de la beauté pouvait être plus forte que l'égo. On regrette cependant que le résultat de leur collaboration ne soit pas totalement à la hauteur de ce que l'on pouvait espérer d'un tel mariage (voir ici, ici et là).
Chez Givenchy, les pièces en jean furent créées à partir de vieux denims. PS : Espérons que la mode ne fait que traverser une période de réajustement et qu'elle nous offrira bientôt à nouveau cette fulgurance esthétique qui fait vriller les sens, à coups de coupes parfaites, d'heureuses alliances chromatiques, de tombés harmonieux, d'imprimés novateurs et d'évidence…
Par Lise Huret, le 01 octobre 2019
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Le seul truc que j’ai retenu c’est Marie S’infiltre chez Étam et surtout Chanel avec Gigi Hadid qui l’a virée manu militari.
Le reste quel ennui, on sent même que tu n’as pas voulu mettre de photos car ça ne t’intéressait pas ahaha.