4 silhouettes coup de coeur #7
À force de brasser des images, d'épingler à tout va et de scroller toujours plus vite, j'ai parfois l'impression de ne plus savoir ce que j'aime, ni pourquoi. J'ai donc décidé de faire régulièrement le point avec vous sur les silhouettes, les looks, les tenues qui, pour une raison ou pour une autre, me séduisent tout particulièrement...
Bouderie poétique
Bien plus que sa symbiose avec l'air du temps ou sa potentielle cote auprès des acheteurs, c'est avant tout la capacité d'une silhouette à générer des émotions et à raconter une histoire qui fait à mes yeux son fashion appeal. Et tant pis - ou plutôt tant mieux - si celle-ci égratigne mes notions de "do and don't", bouscule mes idées reçues en matière d'élégance et m'amène à sortir de ma zone de confort esthétique. Je pense tout particulièrement à ce look imaginé par Marco Zanini (ex de chez Rochas et Schiaparelli) qui parvint à accrocher ma rétine en dépit d'une équation vestimentaire hasardeuse sur le papier, entre ballerines frigides, manteau 3/4 aux manches trop longues et bonnet mousseux enfoncé sur le crâne. Difficile en effet de rester insensible à la poésie farouche émanant de cet ensemble faussement bourgeois, de ce pardessus semblant taillé dans une couverture camel, de ces cheveux mouillés contrastant avec la sophistication d'un trait de rouge à lèvres et de ses souliers plats se moquant éperdument de tasser l'allure de celle qui les chausse. À la fois cérébrale et confortable, cette silhouette semble ne prendre en compte que les goûts personnels et les impératifs propres à sa propriétaire, ce qui la rend terriblement intéressante...
Duo autrefois prohibé
Jusqu'à encore récemment, marier marron et noir tenait de la faute goût. Apparemment trop ternes pour composer un tandem heureux, ces deux teintes étaient incitées à s'éviter. C'était cependant sans compter sur l'actuelle propension des bureaux de tendances à extraire du placard les ex-bannis de la mode et à en faire les nouvelles coqueluches du milieu. Ces derniers temps, noir et marron ont ainsi appris à se connaître et à s'apprécier, pour finir par ne plus se quitter. Sensible à leur occurrence de plus en plus manifeste au sein des collections, magazines et autres comptes Instagram, notre cerveau s'est alors peu à peu reformaté. J'en veux pour preuve la transformation de mon ancienne aversion pour le mix chocolat/réglisse en une tolérance énamourée à son égard. Une tolérance qui muta récemment en début d'addiction à la vue de cette tenue de Jo Ellison. Il faut dire qu'en travaillant le noir sur une tonalité délavée, en mariant teinte noisette et blazer pied-de-poule, en accompagnant le tout d'une coiffure sage et en saupoudrant l'ensemble d'une touche de masculin/féminin, cette dernière offrit au duo ses lettres de noblesse...
Chic épuré
Un brushing souple, une chemise en lin frais à la coupe casual mais étudiée et une paire de lunettes de soleil fumées seyant parfaitement à l'ovale de son visage : il n'en fallait pas plus pour rendre iconique cette photo de Jackie Kennedy, tant l'ex-Première dame des États-Unis maîtrise à la perfection l'art du chic épuré. En misant systématiquement sur des pièces irréprochables, elle transforme en effet ses vêtements en autant d'écrins qu'elle oublie dès qu'elle s'y glisse. Le résultat est alors fascinant de charisme. Face à cette harmonie de teintes - entre écailles de tortue et vert lichen - faisant office de parure, on se prend à rêver d'être comme elle capable de tirer le meilleur de la simplicité...
Sensualité minimaliste
Alors que la sensualité imposée d'un caraco en satin me laisse de marbre et que le sex appeal supposé d'un ensemble affriolant provoque mon hilarité, une simple épaule s'échappant d'un tee-shirt distendu ou des jambes nues dépassant d'un sweat-shirt trop grand recèlent à mes yeux des trésors de séduction. J'aime en effet la subtilité, l'impression que les choses ne sont pas programmées, à l'instar de ce look Studio Nicholson qui m'apparaît ourlé d'une sensualité en pointillé que je rêve de faire mienne. Il faut dire qu'entre ample pantalon à pinces à la dégaine japonisante et gilet étroit en fine maille côtelée porté à même la peau (dont les manches s'avèrent suffisamment longues pour réchauffer la jointure des doigts), cet ensemble accentue la grâce du port de tête, offre une subtile colonne vertébrale à la notion de nonchalance et joue avec les volumes sans pour autant dénaturer la silhouette.
Par Lise Huret, le 24 octobre 2019
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Je portais beaucoup de noir avec du marron à une époque (notamment un pantalon noir avec un pull marron Joseph, quand j'étais étudiante) et je n'ai jamais été inquiétée (même si certaines amies m'avaient fait comprendre que "cela ne se faisait pas vraiment"...).
Sinon, la dernière silhouette me rappelle ma soeur quand elle était ado. C'est chouette de retrouver ce type de silhouette, très 90s!