Chronique #172 : Birkenstock, l'évidence à l'épreuve des tendances
Après une année de sable mouillé, d'éclaboussures d'eau salée et de marche dans les sentiers portugais, mes Birkenstock Arizona avaient sérieusement besoin d'être remplacées. Face à ce constat, je jouai quelques jours avec l'idée de troquer mes sandales tout-terrain contre un modèle plus fin, plus créatif, moins vu. Je me suis ainsi promenée - virtuellement - chez K.Jacques, Ancient Greek et J.W. Anderson, avant de me rendre à l'évidence : la seule chose que je désirais vraiment était de rechausser une paire d'Arizona neuves...
Lors de mes récents questionnements concernant le renouvellement ou non de mes Arizona, le souvenir d'une conversation que j'eus au lycée avec une amie me revint en tête. Elle sortait avec un garçon depuis 8 mois, ils s'entendaient à merveille ; elle l'adorait et c'était réciproque. Je fus ainsi plus qu'étonnée lorsqu'elle me confia qu'elle envisageait de le quitter. La cause ? Elle avait peur de passer à côté d'autres garçons potentiellement plus beaux, plus drôles, etc. Elle était très amoureuse, mais aussi très jeune (17 ans et demi) et se disait qu'il était impossible de trouver "le bon" aussi vite, aussi facilement. C'était trop beau pour être vrai. Quelques jours plus tard, elle le quitta.
Elle enchaîna ensuite les histoires sans lendemain. Lui, de son côté, vécut un enfer. Trois ans plus tard, ils se retrouvaient. Un an après, ils se mariaient. Tout cela pour dire que lorsque l'on a trouvé la perle rare, mieux vaut ne pas tergiverser. Un état de fait qui se vérifie d‘ailleurs aussi bien au niveau des relations humaines qu'en matière de vêtements.
Or, l'industrie de la mode étant basée sur le principe du renouvellement permanent, il est difficile de rester connecté à nos réels besoins/envies. À l'instar de mon amie qui fantasmait sur le fait de trouver mieux ailleurs alors qu'elle était parfaitement heureuse, on nous fait croire que ce que nous possédons n'est pas suffisamment dans l'air du temps et qu'il est donc nécessaire de renouveler régulièrement l'ADN de nos possessions. Une injonction qui a malheureusement tendance à brouiller notre jugement… Pour en revenir , j'ai compris qu'il ne servait à rien de chercher à leur faire des infidélités, celles-ci me donnant pleinement satisfaction. Je mesure d'ailleurs aujourd'hui à quel point il est précieux de réussir à valider une bonne fois pour toutes l'une des composantes de sa colonne vertébrale stylistique.
La case "sandales" étant désormais cochée, je peux dès lors me focaliser sur les éléments de ma garde-robe n'ayant pas encore ce statut de basique intemporel renouvelable à l'infini...
Par Lise Huret, le 10 mai 2021
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