Logos, cols amovibles, masques en tissu et autres hantises fashion
Après être revenue à plusieurs reprises ces dernières années sur certains de mes partis pris stylistiques, j'ai appris à ne plus jamais dire "jamais". Enfin… à quelques exceptions près. Je pense tout particulièrement à trois éléments qui n'ont aucune chance d'intégrer un jour ma penderie...
Les cols amovibles
Si je vis dans un premier temps d'un bon oeil l'émergence des cols amovibles (le fait de pouvoir arborer le duo chemise/pull-over sans avoir à se préoccuper du potentiel inconfort généré par la superposition des manches - chemise/pull - possédait à mes yeux une dimension pragmatique/chic assez fédératrice), force est de constater que le concept est rapidement devenu hors de contrôle. Excités à l'idée de pouvoir jouer avec un nouveau gimmick, les designers ont en effet joyeusement poussé les curseurs dans le rouge, transformant un accessoire utile et discret en une excroissance baroque.
Du sobre col de chemise COS, nous sommes ainsi passés à une avalanche de collerettes amovibles rappelant les grandes heures de la conquête de l'Ouest (voir ici, ici et là). Sans parler des néo-fraises se portant au-dessus des pulls et autres tee-shirts… Autant de propositions "audacieuses" qui se virent relayées par bon nombre d'influenceuses, copiées par la fast fashion et portées par les modeuses basant leurs choix stylistiques sur le nombre de likes obtenues par leurs pythies fashion
Or, que les choses soient claires : les maxi cols de mousquetaire dévorant le haut du buste, les collerettes dissimulant le cou (et tassant donc la silhouette) (voir ici et là) et les cols Claudine transgéniques accentuant un style femme/enfant très premier degré ne sont pas à consommer sans modération, la plupart d'entre eux ayant largement franchi la frontière séparant le monde du prêt-à-porter de celui du déguisement…
Les masques en tissu
Au sein de l'univers merveilleux de la mode, chaque phénomène de société est perçu comme une occasion de monétiser l'air du temps. Sans surprise, les différents acteurs du marché se sont ainsi empressés de proposer à leur clientèle une version personnalisée du "it" accessoire du moment : le masque en tissu (voir ici, ici, , ici, ici et là). Et qu'importe si, en transformant un produit jetable en une pièce mode à part entière, ces derniers font comme si celui-ci était destiné à faire partie de notre vie sur le long terme ; qu'importe s'il trouve désormais sa place au sein des pages mode des magazines ; qu'importe si l'on nous incite à l'intégrer à nos tenues comme s'il était totalement anodin : l'essentiel est de vendre, encore et toujours.
Alors certes, le masque chirurgical n'est pas des plus esthétiques, mais le fait de pouvoir le jeter chaque soir n'en demeure pas moins assez jouissif symboliquement parlant...
Les imprimés logo
Sous influence nineties depuis plusieurs saisons, la mode n'a de cesse de jouer avec des éléments que l'on croyait à jamais enfermés dans les geôles du mauvais goût. C'est ainsi que les bobs, K-way color-block, tops cropped boutonnés et autres mini sacs rose fluo se virent propulsés sur le devant de la scène, tandis que le logo redevenait un élément fashion hautement prisé.
De Dior à Balmain en passant par Balenciaga, Gucci et Burberry, chacun assume et revendique en effet à nouveau la typographie de ces derniers. All-over de monogrammes, lettrages géants, sigles extraits des archives... tous les moyens sont bons pour labelliser ses créations afin de les rendre reconnaissables aussi bien sur Instagram que dans la rue.
Et cela fonctionne : la jeune génération de consommateurs affectionne particulièrement ces produits "statement" permettant d'afficher son statut et son appartenance à une tribu.
En ce qui me concerne, ce retour des logos illustre tout ce que je déteste dans la mode, entre manque de subtilité, luxe ostentatoire, effet moutonnier, désir d'afficher la valeur de ses vêtements et effet panneau publicitaire ambulant...
Mais aussi…
Les baskets bijoutées/strassées/girly.
Les paniers en osier portés au creux du coude.
Les méduses pour adulte.
Les collants résille.
Les talons très hauts en été.
Les maillots de bain fluo.
Les shorts cyclistes.
Par Lise Huret, le 14 juin 2021
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