Après deux mois passés entre plages paradisiaques et piscines à débordement, le petit monde du cinéma semble avoir pris un plaisir non dissimulé à se mettre sur son 31 à l'occasion la 82e édition du festival du film de Venise. Auscultation à la loupe de cet exercice aussi jouissif que périlleux...
Tour à tour cérébrale en paillettes monacales, divine au creux de lignes rétro et évidente en volumes sixties, l'actrice et écrivaine Greta Lee fit honneur à la maison Dior, qui sut la sublimer sans jamais la déguiser. Et si le noeud frontal de sa tenue la plus affriolante n'était pas des plus chics, l'allure générale de la jeune femme parvint néanmoins à sauver l'ensemble du cliché glamour/vulgaire. Si, sur le papier, le mariage entre Miu Miu et l'actrice Myha'la Herrold avait tout pour fonctionner, la mise en pratique de cette union commerciale s'est révélée relativement laborieuse. Comme si les stylistes de la griffe italienne n'avaient pas cherché à magnifier la jeune femme, mais plutôt à lui faire porter, vaille que vaille, les dernières créations de la maison. Rien en effet ici pour mettre en valeur ses 1m55 : dommage... (voir ici, ici et là) On note par ailleurs que les créations actuelles de Miu Miu peinent à descendre du podium sans y laisser des plumes. Donnant tour à tour l'impression d'être infiniment banales, mal coupées ou encore mal proportionnées, elles laissent souvent circonspects. Seule Mona Fastvold s'en sort sans trop de dommages collatéraux. Associer longs cheveux ramenés sur le devant et encolure ras du cou a tendance à tasser le haut du corps (Amanda Seyfried en Miu Miu). Oublier de glisser son tee-shirt sur le devant et d'en roulotter les manches peut considérablement nuire à l'harmonie de l'ensemble du look (Joanna Hogg en Miu Miu). On a beau avoir très envie d'adorer Marc Jacobs (en souvenir notamment de ses années Louis Vuitton, de ses facéties époque Bob l'Éponge ou encore de sa créativité débridée des années 2000/2020), force est de constater que sa manucure façon "Edward aux mains d'argent version ado en crise", son allure de vieille dame sous Sertraline et le manque de fashion appeal de ses dernières collections égratignent quelque peu la fascination que l'on croyait inconditionnelle. Superposer des éléments de même teinte mais de longueurs et textures différentes est une bonne idée qui ne fonctionne malheureusement pas à tous les coups (voir ici). Emily Blunt misa sur un glamour expérimental mais maîtrisé qui la fit briller en Tamara Ralph. Sa silhouette Schiaparelli, en revanche, manquait d'évidence : trop de détails, trop d'effets, pas assez de ligne claire pour véritablement subjuguer. À mi-chemin entre un costume du film "Barry Lyndon", une ode à la colorimétrie napoléonienne et une certaine épure inspirée de la mode Empire, la toilette Prada d'Amanda Seyfried capture l'attention à défaut d'être enivrante.
Entre manches ballon surdimensionnées et basques taille haute, il aurait été judicieux de choisir (Stacy Martin en Louis Vuitton). Et si les lignes classiques permettaient de patiner l'impact des transparences les plus audacieuses ? (Kaia Gerber en Givenchy avec Lewis Pullman) Loin d'être le fruit d'un malentendu malheureux, l'apparition coordonnée d'Amanda Seyfried et de Julia Roberts relevait d'un coup monté savamment orchestré par leur styliste commune, Elizabeth Stewart. L'objectif : mettre en lumière la première collection de Dario Vitale pour Versace. Un clin d'oeil aussi malin que symbolique, qui détourne les us et coutumes en vigueur sur les tapis rouges pour mieux promouvoir une vision du luxe plus durable et moins autocentrée. La fraîcheur des robes les plus légères a bien du mal à survivre au port d'escarpins très fermés (Alexa Chung en Chloé). À l'occasion de la première apparition de son travail sur tapis rouge, Glenn Martens (Maison Martin Margiela) marqua les esprits avec une robe évoquant la dernière demeure d'une centaine de pauvres volatiles ayant succombé à une terrifiante marée noire… (voir ici) Cate Blanchett aurait eu tort de ne pas porter à nouveau sa fabuleuse toilette Giorgio Armani (SAG Awards 2022), tant cette dernière frôle la perfection (voir ici). Il est de ces femmes qui, de par leur charme, leur énergie et leur espièglerie, peuvent tout porter. C'est assurément le cas de Vicky Krieps qui, en dépit de tenues assez tassantes, n'en est pas moins apparue lumineuse (voir ici et là). À l'inverse, Alicia Vikander, qui portait pourtant des robes bien plus classiques, eut bien du mal à les transcender (voir ici, ici et là). Paris Jackson en Bottega Veneta, ou quand la teinte "caca d'oie" trouve son expression la plus éloquente… (voir ici) Posséder une silhouette de liane est une chose, chercher par tous les moyens à l'accentuer en est une autre ; une toilette ajoutant du volume ici et là aurait été nettement plus intéressante (Anja Rubik). Se débrouiller pour que leurs clientes soient à l'aise dans la tenue qu'elles arborent sur les tapis rouges devrait être le critère numéro 1 des stylistes… (Shailene Woodley en Kallmeyer) L'aura gothique de Tilda Swinton n'a nul besoin d'être accentuée par des tenues fleurant bon la naphtaline victorienne (Chanel). L'actrice se révèle en effet bien plus percutante en Haider Ackermann.
Et si Miu Miu était le nouveau Chanel ? À savoir une maison omniprésente, célébrée, photographiée… et pourtant rarement au service de ses égéries (ici Emma Corrin - voir ici et là). Lorsque l'on dévoile la peau de son ventre, le port de collants crée un contraste cassant l'harmonie de la silhouette (Suki Waterhouse en Rabanne). Le sourire de Julia Roberts a le pouvoir de tout éclipser. On fermera donc les yeux sur les carreaux arlequins et la couvrance un brin mémérisante de sa robe Versace (voir ici). Peu importe les critiques jugeant ses atours hideux (voir ici et là) : Chloë Sevigny assume depuis ses débuts des choix stylistiques ne plaisant qu'à elle-même. Cette constance l'honore. L'élégance subtilement rétro émanant d'une robe taille basse est largement sous-estimée… (Monica Barbaro en Dior) Réalisée sur mesure par J.W. Anderson (Dior), la tenue d'Alba Rohrwacher nous offre un avant-goût de la saveur stylistique que pourrait prendre la maison parisienne sous la houlette du facétieux créateur (voir ici et là). Le nouveau minois d'Emma Stone éclipse le choix de ses tenues (voir ici et là). Une transformation qui fascine autant qu'elle interroge. L'ajout d'un simple accessoire peut parfois tout changer. La preuve ici avec deux tenues quasiment identiques, dont l'une a malheureusement fait l'économie d'une ceinture (voir ici et là). Mieux vaut parfois s'abstenir de commenter… (voir ici) Les toilettes les plus couvrantes gagnent souvent à être pourvues d'une fente sur le côté afin de permettre à l'ensemble de respirer visuellement (voir ici et là). Lorsqu'il est question de robe de soirée, le choix de la matière est fondamental. Aussi réussie soit sa coupe, ladite robe ne parviendra en effet pas à mettre en valeur celle qui s'y glisse si le tissu ne la sublime pas. C'est notamment le cas ici avec ce fourreau Lacoste en maille qui frôle le cheap (voir ici et là).
Par Lise Huret, le 08 septembre 2025
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Je suis d'accord avec tes commentaires Lise - j'adore ces articles!
Cate Blanchett est parfaite
Miu Miu, ça marche pas en red carpet
Emily Blunt est trop retouchée et trop maigre
Julia Roberts a un sourire qui la sauve de tout
Et j'ai hâte de voir les défilé dans 2-3 semaines
Je suis très déçue par les tenues de Greta Lee, quand elle suivait JWA chez Loewe, elle avait toujours des tenues classes et originales qui lui allaient à la perfection. Là c'était assez ennuyeux voire vulgaire et ridicule pour l'espèce de robe de l'avant-première.
"qui détourne les us et coutumes en vigueur sur les tapis rouges pour mieux promouvoir une vision du luxe plus durable et moins autocentrée." c'était plutôt un joli coup de pub plus qu'autre chose! Dommage qu'ils n'aient pas pu filer un jean à la bonne taille à Amanda Seyfried.
Cate Blanchett en Armani était encore et toujours parfaite!
Tilda Swinton en Chanel c'est déprimant! Elle qui était toujours magnifique en Haider Ackermann.
Quand à Adele Exachopoulos : sa robe cheap et sa perruque encore plus cheap, c'était un choix étonnant!
De manière générale, j'ai trouvé ce Festival bien plus intéressant, aussi bien niveau mode que cinéma, que le Festival de Cannes!