Cette saison, très peu de vestiaires sont parvenus à associer concept country et portabilité évidente, que ce soit la collection Givenchy (avec ses jeux de découpes santiags) ou encore le défilé anniversaire Cacharel, qui misait pourtant tout sur le come-back du liberty. D'un côté, l'esprit bondage a conféré au travail de Riccardo Tisci une esthétique élitiste, peu encline à infuser le dressing de la fashionista lambda, tandis que de l'autre, les fleurettes Cacharel n'ont pas su trouver la bonne formule qui aurait pu déclencher une vague de désir incontrôlable. Il ne fallait donc pas compter sur eux pour donner envie aux modeuses de mettre de côté leur slim bleach au profit de pièces un rien plus délicates...
Heureusement, Paris compte parmi ses créateurs une jeune femme au sens pratique innovant et à la sensibilité extrême qui, saison après saison, aime à se faire le trait d'union entre amoureuses de la mode et tendances fortes. Ainsi, lorsque Isabel Marant s'attaque à l'univers country, elle parvient à y puiser ce qu'il faut de détails pour étoffer son imaginaire, sans pour autant basculer dans la surenchère.
Avec subtilité, elle privilégie le boutis fleuri au liberty, la botte de daim souple aux santiags et les larges broderies anglaises aux fines dentelles du Far West. Elle s'approprie ensuite quelques chapitres de l'histoire de la conquête de l'Ouest en s'emparant des caleçons longs des cow-boys et en relookant le traditionnel patchwork cher aux miss Ingalls, sans oublier de rendre hommage aux Amérindiens par le biais de bijoux délicats. Là où certains ont manqué de subtilité, la fiancée de Jérôme Dreyfuss excelle, notamment dans l'art de convertir le folklore en vestiaire urbain.
Dès lors, si l'on désire redorer la notion de country et lui offrir une nouvelle patine à coup de cooliness Marantienne, il suffit d'appliquer les quelques conseils dispensés subliminalement lors du show de cette dernière, à savoir :
Remixer ses bottes en daim en les enserrant dans un lacet clouté
Abuser des volants et des dentelles, à condition que ce soit pour parer des mini volumes
Oui à la dentelle, si c'est pour la porter à même la peau (afin de profiter de ses transparences impudiques)
Haro sur le denim - soit effrangé en short, soit très délavé - que l'on associe à une pièce forte en boutis
Les ceintures se portent taille basse, en cuir et avec une boucle rehaussée d'une pierre mate
Afin de ne jamais surcharger la silhouette, on pense imprimés = micro volumes
Le country light se mariant très bien avec l'army soft, on n'hésite pas à associer robe patchwork et paletot kaki
Certains accessoires - tel qu'une paire de boucles d'oreilles à plumes ou une paire de boots western - parviennent parfois à insuffler suffisamment de trendiness à une petite robe noire pour la rendre irrésistiblement up-to-date...
Par Lise Huret, le 22 avril 2009
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